Rio-Paris : décryptage des données du vol pour expliquer en partie l’accident

photo_1304340441431-1-1.jpg
ée par le sous-marin Remora 6000 le 1er mai 2011 (Photo : Johann Peschel)

[02/05/2011 12:52:42] PARIS (AFP) Les enquêteurs français ont repêché dimanche une des deux boîtes noires de l’avion d’Air France, accidenté le 1er juin 2009 au large du Brésil. Pourquoi est-ce un véritable tournant dans l’enquête.

Question: Que contient la précieuse boîte noire retrouvée près de deux ans après l’ accident?

Réponse: Le FDR (Flight data recorder, enregistreur de paramètres) du vol AF447 a enregistré les paramètres importants tels que la vitesse, l’altitude, le fonctionnement des moteurs, le pilote automatique, la position des gouvernes, des commandes de vol, etc., soit 1.300 données enregistrées pendant 25 heures.

Q: Qu’est-elle advenue depuis sa remontée à la surface?

R: Sous scellé compte tenu de l’enquête judiciaire, elle a été placée dans un container rempli d’eau pour la conserver le plus possible dans son état actuel. Elle restera immergée jusqu’à ce que son dépouillement commence d’ici 8 à 10 jours, soit le temps prévu pour son acheminement vers le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) au Bourget près de Paris. Pour respecter la continuité territoriale imposée par la justice française, la boîte noire va être récupérée par la marine nationale française dans les tout prochains jours. Elle transitera ensuite par un port français à Cayenne avant d’être convoyée à Paris par un avion français.

Q: Les enquêteurs vont-ils pouvoir exploiter les données?

R: Aucune certitude à ce stade. Les experts soulignent que le boîtier est en “bon état physique” mais les enquêteurs ne savent pas s’ils pourront tout exploiter: cela dépendra du phénomène d’oxydation, qui altère une partie des données et complique leur récupération.

photo_1304275549211-1-1.jpg
ésilienne neuf jours après le crash du 1er juin 2009

Q: Comment les données sont-elles récupérées? Combien de temps faut-il pour les exploiter?

R: Le boîtier de l’Airbus A330 contient des données sous format numérique. Les mémoires électroniques vont être placées sur un châssis d’enregistreur et seront récupérées sur un support informatique à l’image d’une clé USB. Les données pourront être récupérées en deux ou trois jours si elles sont en très bon état. S’il y a eu oxydation, cela prendra quelques semaines car il faut alors récupérer l’information sur chaque puce.

Q: Si le FDR est décrypté, cela sera-t-il suffisant pour élucider la catastrophe?

R: Le directeur du BEA, Jean-Paul Troadec souligne que cela permettra de faire un grand pas dans l’enquête mais il manquera des données essentielles: la manière dont les pilotes ont réagi face à l’urgence de la situation. Ces informations sont livrées par la seconde boîte noire, le CVR (Cockpit voice recorder, enregistreur phonique), activement recherchée, qui enregistre en boucle (pendant 120 minutes dans ce cas précis) l’environnement acoustique du poste de pilotage (les échanges entre les pilotes ou avec les contrôleurs, les bruits ou alarmes sonores). En d’autres termes, les circonstances de l’accident du vol AF447 ne peuvent être déterminées avec exactitude qu’avec le décryptage des deux boîtes.

Q: Est-ce une prouesse technique de l’avoir récupérée?

R: “Le BEA n’a pas fait de miracle. Nous revendiquons la prouesse technique puisque que nous avons retrouvé un boîtier de 10 cm sur 15 à 3.900 mètres de profondeur dans une surface de 17.000 km2, soit un rapport de 1.000 milliards. Cette prouesse a été réalisée grâce à l’utilisation combinée de matériels sophistiqués (Sonars, Remus) et d’opérateurs compétents”, commente M. Troadec.

Q: Y a-t-il des précédents de boîtes noires repêchées un si long laps de temps après l’accident?

R: “Nous avons retrouvé des enregistreurs au bout de dix ans que nous avons pu exploiter mais ils avaient alors une technique différente”, a enfin indiqué M. Troadec.