Des pilules de Mediator, le 18 novembre 2010 (Photo : Fred Tanneau) |
[03/05/2011 08:54:43] PARIS (AFP) Le laboratoire Servier, qui pourrait avoir in fine à indemniser les victimes du Mediator, dispose d’une trésorerie de 2 milliards d’euros et n’a pas de dette, a-t-on appris auprès du groupe, confirmant une information publiée dans Les Echos mardi.
Ce montant très important s’explique par le fait que le laboratoire n’a jamais versé de dividende depuis sa création en 1954, explique le journal en révélant quelques éléments financiers de Servier, que le groupe a ensuite confirmés auprès de l’AFP. Le groupe, qui n’est pas coté en Bourse, n’a en effet aucune obligation de rendre ses comptes publics.
Le laboratoire est en train de constituer des provisions pour faire face aux plaintes liées au Médiator, ajoute le quotidien financier, alors que le gouvernement a annoncé la mise en place d’un fonds public d’indemnisation mais entend bien faire payer Servier en dernier ressort.
Avec une telle trésorerie en effet, Servier “ne pourra pas plaider l’insolvabilité”, écrivent Les Echos, qui ajoutent que le groupe n’est pas endetté: “la crise du Mediator ne devrait donc pas contraindre Servier à céder ses actifs”, conclut le quotidien.
“Il n’a jamais été question de vendre Biogaran”, la filiale de médicaments génériques du groupe, assure d’ailleurs un cadre de Servier aux Echos. Des rumeurs, au coeur de la crise du Mediator, avait fait état de cette possibilité.
“Le groupe n’a pas l’intention de céder un de ses actifs”, a confirmé à l’AFP un porte-parole de Servier.
Servier, qui compte 20.000 salariés, dont les trois quarts à l’étranger, a engrangé un bénéfice net plus que doublé au cours de l’exercice clos le 30 septembre dernier, à 378 millions d’euros, contre 143 millions en 2009.
Les ventes du laboratoire ont en effet de leur côté progressé de 6% l’an dernier, à 3,7 milliards d’euros.
La France représente le premier marché de Servier, avec 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, grâce notamment aux vente de génériques de Biogaran. A l’international, le chiffre d’affaires a progressé de 6,4% à 2,7 milliards d’euros.
Médicament destiné aux diabétiques en surpoids largement détourné comme coupe-faim, le Mediator aurait fait en 33 ans entre 500 et 2.000 morts, avant d’être retiré du marché français en novembre 2009. Plusieurs centaines de plaintes ont été déposées à ce jour.