ème port français (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[03/05/2011 16:43:09] PARIS (AFP) Le transfert des personnels de la manutention vers le privé, pierre angulaire de la réforme 2008 visant à relancer les ports français, a débuté mardi notamment au Havre, Rouen et Marseille et doit progressivement s’effectuer dans tous les établissements de l’Hexagone.
Ces salariés – grutiers, portiqueurs, maintenance – vont rejoindre leurs collègues dockers, passés sous la coupe des entreprises privées depuis 1992.
Le transfert des personnels est possible depuis la signature mi-avril d’une nouvelle convention collective pour tous les métiers portuaires (10.000 personnes environ), fruit d’une longue et parfois laborieuse négociation entre les partenaires sociaux depuis 2008.
La réforme de 2008 vise à améliorer la compétitivité des grands ports français face à leurs concurrents européens: Marseille, Le Havre, Rouen, Dunkerque, Saint-Nazaire, La Rochelle, Bordeaux ont dû recentrer leur mission sur le développement, et le privé va désormais exploiter seul les terminaux.
Des investissements accrus de l’Etat dans les infrastructures doivent compléter le dispositif pour regagner à terme des parts de marché.
Les syndicats, et notamment la CGT, avaient conditionné le transfert des personnels à l’élaboration d’une convention collective commune aux salariés des ports (établissements publics) et à ceux des entreprises privées.
La négociation a buté sur des dossiers comme les garanties d’emploi ou la prise en compte de la pénibilité de certains métiers, ce qui a donné lieu à plusieurs conflits durs.
En 2008, des grèves ont été menées avant l’obtention d’une garantie de retour vers l’établissement portuaire pendant 14 ans, en cas de licenciements économiques chez l’employeur privé.
Fin 2010 et début 2011, c’est la reconnaissance de la pénibilité de certains métiers qui a provoqué deux grèves importantes. Finalement, les salariés de la manutention ayant au moins 18 ans d’ancienneté pourront partir en retraite trois ans avant l’âge légal.
Enfin, des négociations locales pour préciser les conditions du transfert ont parfois donné lieu à l’octroi de primes.
évrier 2011 sur un des terminaux du port de Marseille (Photo : Anne-Christine Poujoulat) |
C’est le cas notamment à Marseille où, selon une source portuaire, des primes d’environ 9.500 euros nets ont été obtenues, ou au Havre où les autorités n’ont pas souhaité divulguer le montant négocié.
A Rouen, le port affirme qu'”il n’y a pas eu de primes de détachement versées mais des garanties sociales”, dont des augmentations de salaires.
Localement, tout n’est pas encore complètement réglé, si bien que les transferts vont s’étaler sur plusieurs semaines.
C’est le cas de Marseille, mais aussi Bordeaux et Nantes-Saint-Nazaire.
A Bordeaux, faute d’accord, un délai supplémentaire a été décidé jusqu’au 16 mai. A Nantes-Saint-Nazaire, aucune date d’application n’a encore été arrêtée.
Malgré ces difficultés de dernière minute, l’Union nationale des industries de la manutention (Unim), l’organisation patronale, salue “une étape fondamentale dans le processus de modernisation” des ports.
La CGT met en avant “de nombreuses avancées” et se félicite de “l’uniformisation sociale des salariés des ports”.
Dans un climat social apaisé et avec une organisation censée être plus efficace, la reconquête de parts de marché sera néanmoins une entreprise de longue haleine.
A Marseille, 1er port français mais désormais 5e en Europe, la direction estime qu’il faudra encore deux ans avant de retrouver le volume de 2008.
Et selon la Fédération des entreprises de transport et logistique de France (TLF), il faudra certainement “plusieurs années” avant un retour à la normale, car des chargeurs ont pris l’habitude d’aller à Anvers ou Rotterdam et, au sud, Gênes ou Barcelone.