“L’essence de notre pensée affirmait que l’Amérique incarnait une puissance de
Bien dans le monde et qu’elle n’était pas responsable de l’antiaméricanisme,
cette haine irrationnelle que notre pays inspirait à l’étranger. Nous soutenions
un rôle actif de notre puissance sur les affaires du monde, afin de répandre la
liberté et la démocratie partout où cela était possible“, disait Norman
Podhoretz, père-fondateur du mouvement néoconservateur.
Pour comprendre qui est Robert Zoellick, le président du Groupe Banque mondiale,
qui vient en Tunisie déterminer quelle aide nous apporter et quelles réformes
nous dicter, il faut retourner aux origines.
Vous-vous rappelez peut-être le moment de sa nomination, un peu à la hâte après
le scandale causé par son prédécesseur (Paul Wolfowitz) en 2007 sur une sordide
affaire de maitresse jouissant de privilèges auxquels elle n’avait pas droit! Ce
qui a fait dire au prix Nobel Joseph Stiglitz que la nomination de Zoellick est
dans la continuité de celle de Wolfowitz dont le mandat entier a été une
catastrophe. D’autres aussi ont fait part de leur préoccupation quant à la
désignation d’un autre proche de Bush.
Décrit comme la bête noire des altermondialistes, Zoellick fait partie des 18
personnalités qui avaient signé en 1998 une lettre ouverte rédigée par le centre
de réflexion néoconservateur Project for the new american century (PNAC) à
l’adresse de Bill Clinton pour lui demander de renverser Saddam Hussein.
L’ancien secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, Wolfowitz, Richard Perle,
Zalmay Khalilzad ou John Bolton avaient également signé cet appel… tous des
néoconservateurs, héritiers d’une idéologie qui a émergé aux États-Unis des
années 1960 et qui a influencé les politiques menées par Bush père et fils,
Reagan…
Beaucoup d’entre eux sont mêmes taxés d’être straussiens influencés par Leo
Strauss qui n’est pas uniquement pour eux un inspirateur mais un étage au-dessus
en ”créant” ceux que l’on nomme les ”Faucons” dont la pensée émane du milieu
universitaire américain pour aller s’appliquer en Irak, en Afghanistan et
partout où il leur plait de donner du canon.
Nous savons que la visite de Zoellick dans notre pays est la réponse à l’annonce
faite par le gouvernement d’un programme immédiat de réformes axées sur la
gouvernance, l’emploi, le développement régional, le secteur financier et les
politiques sociales. Mais il faut bien comprendre ce qu’il faudra payer en
retour… et pas que de l’argent!