L’agroalimentaire semble avoir été l’un des secteurs ayant su résister aux aléas, ces derniers mois. Il a contribué, à côté du textile et habillement, les industries mécaniques et électriques, à la reprise des exportations, durant le premier trimestre 2011. Cependant, une reprise timide puisqu’elle n’a pas concerné tous les secteurs en raison des circonstances exceptionnelles par lesquelles passent le pays.
Durant les deux premiers mois, les échanges dans le secteur ont connu une baisse pour reprendre au cours du troisième mois. Ainsi, les exportations des industries agroalimentaires ont augmenté de 5,7%, au premier trimestre 2011, soit 201,3 MDT contre 188,7 MDT à la même période en 2010. Et il semble que l’investissement s’inscrive dans cette évolution malgré les circonstances. Selon l’Agence de Promotion de l’Investissement et de l’Innovation (APII), 62,3% des intentions d’investissement industriel ont été enregistrés dans les industries agroalimentaires. Sachant que, par les temps qui courent, intention ne signifie pas forcément réalisation.
Un positionnement avantageux…
A noter que le secteur représente 3,5% du PIB national et 19% de la valeur ajoutée des industries manufacturières. Le secteur compte plus de 1.000 entreprises qui emploient plus de 65 mille personnes; 190 sont totalement exportatrices. Les entreprises tunisiennes de l’agroalimentaire sont également très actives sur le marché libyen et ont été évidemment affectées par les troubles actuels, dans ce pays voisin.
Les indicateurs pour l’année 2010 montrent que le secteur est classé en première place en matière du nombre de projets (25,4%) et en troisième place en termes de valeur des investissements (18,3%). Le taux de croissance du secteur est de 3,8% en comparaison avec l’année 2009. L’investissement dans le secteur, soit 320 MDT, a été consacré, outre dans les activités traditionnelles (l’huilerie, l’entreposage frigorifique, le conditionnement des produits agricoles et alimentaires), au conditionnement de l’huile d’olive et à la fromagerie ainsi qu’à la raffinerie des huiles végétales, aux conserves et semi-conserves alimentaires.
De l’investissement…
Selon le ministère de l’Industrie et de la Technologie, le programme de mise à niveau industriel a enregistré la participation de 717 entreprises jusqu’à fin février 2011. Le nombre de dossiers approuvés est de 419, soit une valeur d’investissement de 1.113 MDT, dont 108 MDT d’investissements immatériels. La valeur des subventions s’élève, à la même période, à 147,9 MDT… ce qui classe ce secteur à troisième position au niveau du nombre des opérations de mise à niveau.
Du côté des Investissements Technologiques Prioritaires (ITP), 472 dossiers d’investissement ont été approuvés dans le secteur, jusqu’à fin février 2011, avec un volume d’investissement de 24,2 MDT et un total de subventions de 11,3 MDT. Ces montants ont été essentiellement consacrés à l’instauration d’un système de contrôle de la qualité et à l’obtention des certificats de compatibilité aux normes internationales tels que l’ISO.
Monter en valeur…
Au regard de la performance du secteur agroalimentaire, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, car le secteur renferme encore quelques lacunes. En effet, des études de positionnement stratégique ont montré qu’il est impératif d’accroître le niveau d’intégration des filières au niveau des circuits de collecte, du transport et du transport frigorifique. Il s’agit de monter en valeur ajoutée pour les produits destinés au marché local et aux produits orientés export, et ce en développant les créneaux porteurs classiques et nouveaux. Le conditionnement de l’huile d’olive en est un. Ce créneau a toujours constitué un handicap pour le développement de cette filière et pour un gain en valeur ajoutée. Mais il semble que les choses changent. Pour la campagne oléicole 2010/2011, on indique, auprès du ministère de l’Industrie et de la Technologie, que les quantités d’huile d’olive exportées ont représenté 8,3% des exportations globales. L’objectif étant d’atteindre 10% dans les années qui viennent.
Le conditionnement des dattes est également un créneau très porteur pour les exportations tunisiennes et représente actuellement 16% des exportations dans le secteur. L’agroalimentaire biologique serait aussi une filière à exploiter davantage, d’autant plus qu’elle possède une grande valeur ajoutée à l’export.