Alors que la concurrence sur le marché des télécommunications s’intensifie, avec l’arrivée d’Orange Tunisie, Tunisie Télécom va se séparer de 63 cadres contractuels, c’est-à dire d’une partie de son management, pour satisfaire une exigence du syndicat. Une concession qui pourrait être lourde de conséquences?
Le syndicat de Tunisie Télécom a fini par avoir gain de cause: l’entreprise va se séparer de ses cadres contractuels qu’elle est allée chercher, après l’entrée d’Emirate International Telecommunications (EIT) dans son capital en 2006, afin d’améliorer son organisation, fonctionnement et performance et être mieux armée dans la «guerre» commerciale l’opposant à Tunisiana. Leur contribution a-t-elle été à la hauteur des espoirs placés en eux?
Constatons, d’abord, comme l’a fait Mohamed Fadhel Kraiem, directeur général adjoint,( L’entretien nous a été accordé par le directeur général adjoint de Tunisie Telecom à la mi-avril, c’est-à -dire avant la conclusion du récent accord conclu le 26 avril entre le P.D.G et le syndicat de TT et qui doit encore être approuvé par le conseil d’administration. M.Kraiem a insisté sur la nécessité d’aboutir à un accord qui préserve les intérêts de l’entreprise) qu’avant 2006, Tunisie Télécom perdait face à Tunisiana 8 points de part de marché par an et que cette «érosion» a commencé à être stoppée en 2007 grâce à l’important travail effectué par l’équipe commerciale, en matières d’offres, de services, de communication. Et pour l’année 2010, la direction générale annonce «le meilleur cru en termes de chiffres d’affaires. De fait, entre 2006 et 2010, les revenus de Tunisie Télécom ont progressé de plus de 20%, «dans un environnement concurrentiel, qui s’est accentué avec l’arrivée d’Orange durant l’année écoulée».
Sur le plan technique, très quelconque, en 2006-2007, la qualité du réseau s’est sensiblement améliorée. A telle enseigne qu’en 2008, le CERT a qualifié le réseau de Tunisie Télécom meilleur réseau. En termes de couverture, Tunisie Télécom affirme avoir «la plus importante et la plus intéressante en Tunisie». En matière de développement des nouvelles technologies, l’opérateur historique a permis à la Tunisie de disposer de 11.000 km de fibre optique –essentielle pour supporter l’infrastructure du haut débit-, soit plus que le Maroc qui a une superficie cinq fois supérieure à celle de notre pays. Enfin, la bande passante est passée de 5 gigas en 2008 à 50 gigas fin 2010 et depuis à 60.
Qu’est-ce qui a changé par rapport à la concurrence durant les cinq dernières années?
Bien, ces résultats ne sont pas imputables aux seuls cadres contractuels, comme le souligne Mohamed Fadhel Kraiem, mais à l’ensemble des employés de Tunisie Télécom. Toutefois, minimiser le rôle de ces «experts» comme le fait le syndicat n’est pas raisonnable non plus. De toute façon, Tunisie Télécom va devoir leur trouver des remplaçants, car elle peut d’autant moins se permettre des vacances à des postes essentiels (marketing, commercial, finance, etc.) qu’il reste encore beaucoup à faire dans le cadre du programme de modernisation dont la mise en œuvre a été entamée en 2006.
Une des priorités sera de doter Tunisie Télécom d’un nouveau statut pour éviter à cette entreprise de se retrouver dans une situation similaire à celle qu’elle est en train de vivre. Car si la direction de l’entreprise s’est trouvée dans l’obligation de recruter par voie de contrats de trois ans, c’est parce que le statut actuel de Tunisie Télécom ne permet pas de rémunérer ces grosses pointures au niveau auquel leurs compétences leur permettent de prétendre et que, de toute façon, ils sont en mesure d’obtenir ailleurs.
Mais cette façon de procéder présentait un gros inconvénient, celui de faire de Tunisie Télécom une entreprise à deux vitesses en matière de rémunération de ses employés. Une situation socialement intenable.
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