Aide au Portugal : UE et FMI attendent un engagement de l’opposition

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à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[04/05/2011 10:56:19] LISBONNE (AFP) Après la conclusion mardi d’un accord entre le gouvernement démissionnaire portugais et la mission UE-FMI sur une aide de 78 milliards d’euros, l’opposition de droite doit à son tour s’engager sur le programme à mettre en oeuvre à l’issue des élections anticipées du 5 juin.

Mardi soir, le Premier ministre socialiste José Socrates a annoncé être parvenu à un “bon accord” pour le Portugal, avec un programme sur trois ans qui permettra une réduction du déficit “plus graduelle” que prévu, à 3% du PIB fin 2013, après un déséquilibre de 9,1% l’an dernier.

Mais, dans l’attente d’une “consultation finale des partis politiques”, le détail des mesures d’austérité et des réformes structurelles négociées avec les représentants de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI) n’a toujours pas été dévoilé.

Les délégations de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du FMI devaient rencontrer mercredi des responsables du principal parti d’opposition, le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit), et le parti minoritaire de droite CDS.

La gauche antilibérale, qui s’oppose à l’intervention internationale, a refusé de discuter avec la “troïka” UE-BCE-FMI dès le début des négociations.

La demande d’aide du Portugal est intervenue après la démission de M. Socrates, désavoué fin mars par le rejet au Parlement d’un nouveau programme de rigueur, et la convocation d’élections législatives anticipées fixées au 5 juin prochain.

Dans ce contexte, l’UE et le FMI exigent des garanties que ce “programme d’ajustement” sera mis en oeuvre indépendamment du résultat du scrutin.

“Nous avons dit depuis le début qu’il est important que tout programme puisse recevoir un soutien élargi des partis, et nous continuerons nos discussions avec les partis d’opposition pour y parvenir”, a rappelé mardi soir un porte-parole du FMI au nom de la mission internationale.

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é Socrates le 3 mai 2011 à Lisbonne

Les chefs de la mission internationale doivent bientôt tenir une conférence de presse pour détailler le programme négocié avec le gouvernement démissionnaire.

En attendant, la presse portugaise rapportait mercredi que la recette appliquée au Portugal serait moins sévère que celle imposée à la Grèce, premier pays de la zone euro ayant recouru à une aide extérieure.

Ce programme, qui pourrait être entériné par les ministres des Finances de l’UE à la mi-mai, comprendra des mesures d’austérité supplémentaires permettant une économie de 8,8 milliards d’euros en 2012 et 2013, affirmait l’agence Lusa.

D’après le Diario economico, le Portugal paiera pour ce prêt un taux d’intérêt aggravé de 2 points de pourcentage par rapport au taux auquel se finance le Fonds européen de stabilité financière (FESF), soit “4,68% s’il était calculé à ce jour”.

Toujours selon la presse, 12 milliards d’euros (15,4% de l’enveloppe totale) serviront à renflouer les banques, qui devront élever leur ratio de solidité financière “Core Tier 1”, calculé sur la base des fonds propres dits “durs”, à 9% d’ici la fin de l’année, puis à 10% en 2012.

Le plan d’aide, qui devrait provoquer une récession économique de 2% en 2011 et en 2012, prévoit notamment une hausse de l’impôt sur les revenus, une réduction des pensions les plus élevées, ainsi que de la durée et du montant des allocations chômage.

Un programme de privatisations comprenant notamment la compagnie aérienne publique TAP, le réseau électrique portugais (REN) et le reste du capital public de l’électricien EDP devrait par ailleurs rapporter quelque 5,3 milliards d’euros.

Mercredi, l’Etat portugais, qui doit rembourser 5 milliards de dette le 15 juin, est parvenu à lever 1,177 milliard d’euros en bons du Trésor à trois mois, mais à un taux en nette hausse.