GB : une surtaxe sème la tempête chez les pétroliers de la mer du Nord

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étrolier britannique Shell (Photo : Shaun Curry)

[04/05/2011 12:42:28] LONDRES (AFP) Les compagnies pétrolières opérant au large du Royaume-Uni sont vent debout depuis l’annonce fin mars d’un fort alourdissement de la fiscalité sur le pétrole et le gaz extrait en mer du Nord, qui va selon elles accélérer le déclin de la production britannique d’or noir.

Le secteur ne décolère pas depuis que le ministre britannique des Finances George Osborne les a surpris en décrétant en mars une diminution immédiate des taxes sur l’essence payées par les consommateurs, financée par une taxation alourdie de l’extraction pétrolière et gazière, qui devrait rapporter 2 milliards de livres (2,2 milliards d’euros) par an.

Dans le détail, la “taxe complémentaire” sur la production d’hydrocarbures en mer du Nord britannique est passée de 20 à 32%, ce qui a fait grimper le taux de taxation des gisements concernés entre 62 et 81%, selon leur date de mise en exploitation.

Pour le Premier ministre David Cameron, cette décision visait à adoucir un peu un plan d’austérité d’une rigueur sans précédent, alors que les Britanniques voient en plus leur pouvoir d’achat rogné inexorablement par la flambée des prix du pétrole.

Et M. Osborne avait insisté sur le fait que cette surtaxe ne ferait qu’égratigner les profits des compagnies pétrolières, gonflés mécaniquement par l’envolée des cours. Les deux grandes “majors” britanniques, Shell et BP, ont d’ailleurs révélé ces dernier jours un bond de leurs bénéfices au premier trimestre (de 60% et 17%, respectivement).

Mais les sociétés du secteur plaident que ce tour de vis fiscal va conduire à un déclin accéléré de la production pétrolière britannique, qui chute depuis 1999, contredisant ainsi totalement les efforts menés ces dernières années pour encourager le forage de nouveaux puits et l’exploitation jusqu’à la dernière goutte de champs en cours d’épuisement.

Et, au final, conduire à une dépendance accrue du pays vis-à-vis du pétrole et du gaz produits à l’étranger.

Elles ont orchestré une campagne de lobbying appuyée, faisant circuler une étude de l’université d’Aberdeen, en Ecosse (ville considérée comme la capitale du pétrole “made in UK”), concluant que l’alourdissement de la fiscalité pourrait amputer la production britannique d’hydrocarbures de jusqu’à 25% sur les trente prochaines années, et faire perdre au pays jusqu’à trente milliards de livres d’investissements.

Et, depuis quelques semaines, ces entreprises ont annoncé les unes après les autres une révision, un gel, voire une remise en cause de leurs investissements en mer du Nord, faute d’une rentabilité suffisante.

Dernière en date, Centrica, la maison-mère de British Gas, a indiqué ce week-end que deux énormes gisements gaziers, qui génèrent à eux seuls 6% du gaz consommé au Royaume-Uni, et dont la production vient d’être suspendue pour maintenance, pourraient rester fermés pour de bon.

Autre annonce qui a marqué les esprits, le groupe public norvégien Statoil a suspendu des investissements d’une valeur totale de plus de 10 milliards de dollars (7 milliards d’euros) au large de la Grande-Bretagne.

Et le conseiller en matière fiscale de George Osborne, John Whiting, a lui même pourfendu mardi un “coup bas précipité et inattendu” pour l’industrie pétrolière.

Mais ces protestations sont restées pour l’instant sans effet. George Osborne s’est contenté de promettre que la fiscalité reviendrait à son ancien niveau si les cours du pétrole redescendaient durablement en-dessous de 75 dollars le baril. Une perspective purement hypothétique, le brut évoluant en ce moment autour de 120 dollars à Londres et 110 à New York.