ée du 15 mars 2011 du site de Penly (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[04/05/2011 15:58:12] PARIS (AFP) Le projet de réacteur nucléaire EPR à Penly en Seine-Maritime n’est “absolument pas bloqué”, a assuré mercredi le gouvernement, mais deux mois après la catastrophe de Fukushima des incertitudes planent sur le calendrier de ce chantier controversé.
C’est le patron de Total, Christophe de Margerie, qui a semé le doute dans un entretien au magazine Challenges.
“La réflexion sur le projet a été apparemment stoppée. Il y avait un calendrier, des dates potentielles, il n’y en a plus”, a-t-il déclaré, alors que Total détient une part de 8,33% dans l’EPR de Penly.
Ces déclarations pouvaient être interprétées comme un coup d’arrêt au projet, en plein traumatisme post-Fukushima. Depuis le 11 mars, de nombreux pays tels que l’Allemagne, l’Italie ou le Royaume-Uni, ont retardé ou annulé leurs projets nucléaires.
L’utilité de l’EPR de Penly est en outre contestée par les écologistes alors que la France compte déjà 58 réacteurs nucléaires et en construit un 59e à Flamanville dans la Manche. Quelque 75% de l’électricité française provient de l’énergie nucléaire, un des taux les plus élevés au monde.
évrier 2011 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Mais le ministre de l’Energie Eric Besson a immédiatement réfuté les spéculations sur l’avenir du projet. “Contrairement à ce que suggère Christophe de Margerie, le dossier de l’EPR de Penly n’est absolument pas bloqué”, a affirmé M. Besson en marge d’une conférence de presse.
“Ce n’est pas parce qu’il a pu y avoir une modification ou une incertitude sur le calendrier que nous sommes en train de préparer qu’il faut en conclure que le dossier serait bloqué, qu’il aurait été volontairement stoppé”, a ajouté le ministre.
Un peu plus tôt, M. Besson avait déjà affirmé qu’il n’y avait “pas de calendrier précis mais pas de mise en retrait du projet”.
Si le projet est maintenu, son calendrier semble donc très incertain, une situation radicalement différente de celle qui prévalait avant la catastrophe de Fukushima. Fin février, une source gouvernementale avait en effet indiqué à l’AFP que le décret autorisant la construction de Penly serait signé avant le 31 mars 2012, soit juste avant l’élection présidentielle.
Le planning prévisionnel soumis au débat public faisait aussi état d’un décret d’autorisation de création signé mi-2012 par le Premier ministre “permettant ainsi d?engager les travaux de construction début 2013 pour une mise en service en 2017”.
éplacement à Gravelines le 3 mai 2011 (Photo : Michel Euler) |
Chez EDF, maître d’ouvrage de l’EPR, on confirme “poursuivre l’instruction du projet avec notamment la préparation des éléments nécessaires au décret d’autorisation de création”.
“Cette étape sera suivie de l’enquête publique”, a précisé une porte-parole.
L’EPR de Penly doit être soumis, comme toutes les installations nucléaires françaises, à l’audit mené par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la suite de l’accident de Fukushima, a-t-elle précisé.
Au vu de ces échéances, le sort de Penly risque donc de ne pas être tranché avant l’élection présidentielle de 2012.
A cet égard, le président de la République Nicolas Sarkozy a délivré mardi un plaidoyer sans faille en faveur de l’atome civil, lors d’une visite à la centrale de Gravelines.
érienne de la centrale nucléaire de Fukushima le 14 mars 2011 |
Alors que la chancelière Angela Merkel a décrété un moratoire sur la prolongation de la durée de vie des centrales allemandes, M. Sarkozy a qualifié une telle proposition d'”incompréhensible” dans le cas français. “C’est la dévalorisation du passé, le choix du Moyen-âge”, a-t-il déclaré.
Il aussi estimé que fermer le parc nucléaire français serait une “décision folle”.
Le Parti socialiste est lui toujours en quête d’une position claire sur le sujet, tiraillé entre une tendance favorable à la sortie du nucléaire, à l’instar de Martine Aubry, et une autre qui y est fortement opposée à l’image de François Hollande.