La politique, cadet des soucis des Tunisiens

Les Tunisiens très intéressés par la politique en cette période transition,
après la chute du régime de Ben Ali? C’est ce qu’on croyait jusqu’ici. Mais le
deuxième sondage de Global Management Services (GMS), piloté par l’expert Salah Attia, vient déranger nos certitudes et nous renvoyer une image inattendue des
centres d’intérêt du Tunisien.


La première conclusion du deuxième sondage (réalisé entre le 20 avril et le 2
mai 2011, ce sondage «apporter un éclairage sur l’implication des Tunisiens dans
la politique, leur degré d’information et leurs opinions») de Global Management
Services (GMS, dirigé par Mme Alia Hachicha) traitant de la relation des
Tunisiens à la politique et aux élections, sous la houlette de Salah Attia, est
de nature à étonner –voire désarçonner- plus d’un homme politique: malgré la
révolution, la politique est le cadet des soucis du Tunisien, arrivant dans
seulement 13,8% des cas en tête des priorités, contre 35,2% pour l’économie et
le travail, 27,6% pour le sport et 23,4% pour l’art et la culture.

Mais la perception change notablement quand on mesure le degré d’intérêt pour
ces différents domaines par sexe, âge, région et la position sociale. Hommes et
femmes sont aussi attachés les uns que les autres au travail, mais des écarts
énormes existent en ce qui concerne l’art et la culture –les femmes y sont
beaucoup plus attachées-, et le sport –là c’est l’inverse qui se produit-, alors
que ces dames sont légèrement (14,5%, contre 13,3%) plus portées sur la
politique.

Par âge, les plus jeunes (18-24 et 25-34 ans) sont les plus férus de sport,
d’art et de culture, les middle-aged (35-44 et 45-59 ans) sont les plus braqués
sur la politique et les moins intéressés par l’art et la culture, alors que pour
les plus âgés (60 ans et plus), économie et travail constituent la principale
préoccupation (51%), très loin devant le sport (20,5%), l’art et la culture
(29,4%), et surtout la politique (10,2%).

Par région, le Sud est la partie du pays la plus politisée (26,4%, contre 13,8%
à l’échelle nationale, et le Nord-ouest est celle qui l’est le moins (8,6%).

Dans les autres régions (Grand Tunis, Nord Est, Nord-ouest, Centre-est, et
Centre-ouest), la politique est bonne dernière.

Economie et travail arrivent partout en tête ou en deuxième position parmi les
centres d’intérêt. Sauf dans le Centre-est où le sport est roi (34%) –devant le
boulot, l’art-culture et la politique. Presque partout (Nord-est, Nord-ouest,
Centre-est, Centre-ouest et Sud) l’art et la culture arrivent en troisième
position et la politique en dernière.

Sous l’angle du statut social et professionnel, plus on monte dans la
hiérarchie, plus l’intérêt pour l’économie et le travail augmente. Il culmine
chez les professions libérales, les cadres supérieurs et moyens –qui sont en
même temps parmi celles qui s’intéressent le moins à la politique. Chez les
ouvriers, travail et sport sont en tête, pratiquement logés à la même enseigne.
Chômeurs et retraités ont les mêmes centres d’intérêt, à savoir dans l’ordre:
travail, sport, art et culture et politique. Soit un positionnement identique à
celui révélé par le sondage à l’échelle globale.