«Il est quand même surprenant que les agences internationales de rating aient assez vite apprécié la situation politique instable de la Tunisie et l’ont déclassé aussi rapidement. Alors qu’elles n’avaient pas auparavant estimé que pendant 23 ans, la Tunisie ne répondait pas aux critères minimum de ce que l’on peut appeler stabilité politique » a indiqué non sans une pointe d’ironie, Mustapha Kamel Ennabli, gouverneur de la Banque centrale lors d’une rencontre avec les représentants du secteur privé, organisée jeudi 5 mai à l’IACE.
La notation souveraine de la Tunisie avait suscité pas mal de remous à la fin du mois de janvier 2011 et n’avait pas été appréciée par les hauts responsables tunisiens. «C’est le monde à l’envers et la preuve que les agences de rating ont mal jugé la situation dans le pays», a réfuté M. Ennabli, lors d’une rencontre jeudi 5 mai à l’IACE, arguant que le passage de la Tunisie d’une ère de totalitarisme à une ère démocratique est le meilleur garant de la stabilité du pays. Les investisseurs tunisiens et étrangers doivent saisir l’évolution positive du pays. «Il faut capitaliser sur l’avenir de la Tunisie et savoir prendre des risques».
Les agences de notation internationales devraient donc observer plus de retenue dans l’évaluation de la situation de la Tunisie. La rapidité dont elles ont fait preuve dans la dégradation de la note souveraine du pays prouve le peu de confiance qu’elles ont dans la capacité de la Tunisie à retomber sur ses pieds. La condamnation a été trop précipitée!
Les agences de notation Moody’s, Standard and Poor’s et Fitch Ratings avaient abaissé la note de la Tunisie en raison des«incertitudes économiques et politiques qui pèsent sur le pays». Moody’s justifie sa décision par «l’instabilité du pays, due au récent changement inattendu du régime, résultant d’une crise politique qui a débuté par des émeutes sociales». Elle avait insisté sur la poursuite des troubles et la situation politique «qui mettent en danger la stabilité du pays».
Etrange! Autant de sévérité dénote du mépris dont font preuve ces agences vis-à-vis d’un pays comme la Tunisie qu’elles estiment incapable de se remettre sur les rails assez rapidement.
Malgré toutes les perturbations qui se sont produites en Tunisie et qui sont attendues dans un pays qui vient de vivre une révolution dont les répercussions sont cosmiques, le pays reprend du poil de la bête et l’appareil productif recommence à fonctionner. Pour preuve, les exportations qui ont réalisé une croissance de plus de 11% depuis le début de l’année.
Ce sont des indices révélateurs de la réactivité du Tunisien et de sa capacité à s’adapter à toutes les situations aussi difficiles soient-elles.