L«On dit qu’en Tunisie, les balles fusent», «il paraît qu’en Tunisie, la tension est à son comble», «on raconte que la Tunisie est un champ de ruines»: voilà de quoi galvaniser les touristes étrangers sans pour autant feindre le flegme. Ces trois slogans annoncent la nouvelle campagne de promotion du tourisme en Tunisie. Un secteur en mal de clientèle, jadis parce que fortement concurrencée par nos voisins du Maroc, notamment. Mais pis encore aujourd’hui, parce qu’abattu par des évènements semant le trouble et inquiétant les touristes. Alors voilà, égarant la velléité, les opérateurs du secteur s’étant longtemps bouffé le nez et n’en pouvant plus -le trafic du tourisme a, depuis janvier, fléchi de 45%- jettent leur désarroi aux mains des autorités. Et n’allez pas croire que ces dernières, représentées principalement par l’ONTT, avaient les portugaises ensablées. Bien que les mesures du redressement du secteur n’aient pas été prises “fissa“, au vu du résultat, il faut croire que cela valait la peine d’attendre.
A peine, les premiers visuels de la campagne mis sur le réseau Internet, les utilisateurs du réseau social numéro un en Tunisie, Facebook, se les sont relayés avec en prime des commentaires sonnant le grand salut. Ouf ! l’ONTT a, semble-t-il, réussi son coup cette fois. Il faut croire que nous n’avons pas l’habitude de pareilles campagnes promotionnelles faisant appel à un humour particulier: employer le négatif au service du positif. Astucieux, pour le moins.
Cette nouvelle campagne sous le signe du rire sera lancée ce 9 mai 2011 et mettra en image le renouveau du tourisme tunisien. Selon Habib Ammar, nouveau directeur général de l’ONTT, l’objectif de cette campagne est de «casser le sentiment irrationnel et injustifié d’insécurité».
L’ONTT préconise de rassurer les touristes étrangers à travers cette campagne sur la sécurité du pays, pour ainsi dire que tout comme avant, ils peuvent aujourd’hui donner le bon Dieu sans confessions à la Tunisie en tant que destination touristique. D’ailleurs, et afin d’étayer cela, des témoignages de touristes ayant visité la Tunisie ces dernières semaines ont été postés sous forme de vidéo sur le site www.bonjour-tunisie.com.
Il importe, par ailleurs, de se pencher davantage sur la qualité de service dans nos établissements hôteliers. Et c’est justement le point d’orgue de la campagne promotionnelle. L’objectif de l’amélioration de la qualité de service se trouve en tête de liste des objectifs fixés par l’équipe de l’ONTT. A ce propos, il faut savoir que cette composante est le cœur même de la réputation d’une destination touristique quelle qu’elle soit. C’est de même à travers la qualité de service qu’un hôtelier peut entamer un processus de fidélisation de sa clientèle.
Aussi, la diversification du produit touristique fait-elle partie intégrante des intérêts majeurs de la campagne.
Et c’est un peu le grand ménage de printemps dans le secteur touristique qui débouchera sans doute sur un véritable parcours de santé pour la Tunisie avec de nouvelles pistes à explorer. Ce que nous entendons par nouvelles pistes, c’est tout bonnement le tourisme d’affaires, le tourisme vert, le tourisme culturel, et le tourisme sportif notamment. Prenons à titre d’exemple le tourisme culturel, nul n’ignore que la Tunisie regorge de richesses en patrimoine contant sa fabuleuse Histoire à travers les civilisations et les diverses populations l’ayant occupée.
S’ajoute à tout cela, dans la valise des nouveautés pour la relance du secteur touristique, la diversification des modalités d’hébergement en Tunisie. En ce sens que les opérateurs du secteur entendent mettre en place des hôtels de charme, des maisons d’hôtes, les boutiques hôtels et pourquoi pas l’hébergement chez un autochtone.
Parlons un peu budget. Celui de la communication est de l’ordre de 30 millions d’euros (près de 60 millions de dinars). Et oui, l’ONTT a bien décidé de mettre le paquet pour la saison 2011 et tripler ainsi le budget. De cette bourse, 3 million d’euros ont été consacrés à la campagne promotionnelle soit 70% de plus en comparaison à l’année 2010. Une décision à marquer au fer rouge car sans précédent. On ne peut piper un mot!
Décidément, la crise du tourisme à la suite de la Révolution a été un mal nécessaire. Car, il a fallu une « bonne claque» pour que les autorités soient enfin conscientes de la magnitude de certains facteurs incontournables afin d’étriquer le secteur touristique dans son essence même. Mieux vaut tard que jamais? Admettons. En tous les cas, il est indubitable que l’avenir du tourisme tunisien se joue maintenant. C’est maintenant ou jamais que le secteur peut faire son gras en se recourant, et sans pour autant patiner sur les solutions, à l’ultime issue de secours: la communication. On dit que la Tunisie n’est pucelle que nous pensions dans ce domaine. A nous de voir!