La Grèce négocie un deuxième plan de soutien européen pour 2012

photo_1304939231235-1-1.jpg
à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[09/05/2011 11:09:13] ATHENES (AFP) La Grèce négocie l’élaboration d’un deuxième plan de soutien européen afin de faire face en 2012 aux échéances de service de sa dette, qu’elle sera vraisemblablement incapable d’assurer en raison de la récession qui freine le rétablissement des comptes lancé en 2010.

“Nous pensons que la Grèce a besoin d’un programme d’ajustement supplémentaire”, a déclaré le chef de la zone euro Jean-Claude Juncker samedi après avoir rencontré les ministres des Finances des principaux pays de la zone euro (Allemagne, France, Italie, Espagne), celui de la Grèce, le président de la Banque centrale européenne (BCE) et un représentant de la Commission européenne.

De fait, après un an de perfusion, la dette de la Grèce, qui pesait 115% du PIB au lancement en mai 2010 du premier plan de sauvetage du pays, via un prêt de 110 milliards de l’Union Européenne et du Fonds monétaire international, aura gonflé à 152% fin 2011.

Principal progrès enregistré, le déficit public s’est réduit de 5 points de PIB en un an, mais les rentrées fiscales sont mauvaises en raison de la fraude qui perdure et de la récession qui amoindrit les recettes.

Résultat, les marchés continuent de se défier d’un pays qui continuait jusqu’à peu de dire qu’il allait pouvoir de nouveau emprunter seul à long terme à partir de 2012.

Et les taux des obligations à 10 ans, jugés insoutenables pour le pays en mai 2010 lorsqu’ils étaient aux alentours de 9%, se sont encore envolés plus haut depuis quelques semaines, planant désormais au dessus des 15%, ce qui étouffe toute possibilité de refinancement autonome.

Selon un sondage paru ce week-end, près de la moitié des Grecs sont favorables à une renégociation des termes de l’emprunt contracté auprès de l’UE et du FMI pour compenser l’impossibilité de recourir aux marchés, y compris en échange d’efforts supplémentaires.

Mais un tiers de mécontents, dont beaucoup manifesteront mercredi, jour de grève générale contre l’austérité, préféreraient se débarrasser de la tutelle UE-FMI, accusée d’entretenir la récession. Au risque d’avoir alors à sortir de l’euro, et dévaluer la monnaie.

L’affolement qui a saisi les marchés vendredi soir après l’annonce surprise par le Spiegel que la Grèce pourrait quitter la zone euro –hypothèse démentie depuis par plusieurs responsables européens– apparait ainsi comme la traduction du bras de fer en cours entre les tenants des scénarios envisageables.

Ainsi le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, souhaiterait que le nouveau Fonds européen de secours, qui bénéficie d’une note triple AAA sur les marchés, puisse acheter des obligations grecques à long terme au moment où le pays en émettra de nouveau. “C’est de celà que nous avons discuté” vendredi soir au Luxembourg, a-t-il dit samedi.

En 2012, la Grèce aura besoin de 66 milliards d’euros, sur laquelle 25 milliards viendront du prêt UE-FMI-BCE, avait indiqué le ministre début avril. Il espérait alors que le reste vienne d’une “combinaison de privatisations, et d’émissions à court et long terme”.

Les émissions à court terme n’ont jamais été interrompues. La prochaine doit avoir lieu mardi.

Pour le quotidien économique Naftemboriki, la réunion de Luxembourg a marqué “le lancement de pourparlers pour un nouveau sauvetage de la Grèce, après la constation, désormais partagée par tous, que le pays ne pourra pas aller sur les marchés en 2012”.

Alors que la presse allemande (Frankfurter Rundschau) semblait plutôt reconnaître lundi qu’une sortie de la Grèce de la zone euro ne “servirait personne”, le quotidien grec Ta Nea (centre gauche, pro-gouvernemental) reconnaissait que “personne ne doit s’attendre à ce qu’une aide supplémentaire soit donnée sans contre-partie”.

L’Allemagne a depuis longtemps fait valoir qu’elle souhaiterait associer plus le privé, c’est-à-dire essentiellement les banques (et non seulement les Etats, donc les contribuables) aux efforts.