Volkswagen prend les choses en main pour créer un géant des poids lourds

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à Salzgitter en Allemagne (Photo : Jochen Luebke)

[09/05/2011 16:10:31] BERLIN (AFP) Volkswagen a annoncé lundi une offre sur son compatriote MAN, étape vers son objectif de longue date de créer un géant des poids lourds qui engloberait aussi le suédois Scania.

Le numéro un européen de l’automobile, propriétaire des marques VW, Audi ou encore Skoda, fomente depuis plusieurs années le projet d’une alliance de ses camions avec ceux de MAN et de Scania, deux groupes dont il est actionnaire, avec un succès toutefois limité jusqu’à maintenant.

Il est aiguillonné par la perspective de 200 millions d’euros par an de synergies, au départ principalement dans les achats, a déclaré lors d’une conférence téléphonique son directeur financier Hans-Dieter Pötsch. Un montant qui devrait encore grimper.

Jusqu’à maintenant le droit de la concurrence dressait “des obstacles de taille” aux projets de coopération entre les trois partenaires, a expliqué Volkswagen lundi. La création d’une centrale d’achats commune par exemple se heurtait au droit européen.

D’où le passage à l’action du groupe.

Il a augmenté sa participation dans MAN de 29,9% à 30,47%. Or le franchissement du seuil de 30% l’oblige selon la loi allemande à lancer une offre sur la totalité du capital de MAN. Une fois qu’il aura le contrôle de la société bavaroise, un certain nombre de barrières juridiques sauteront, a expliqué M. Pötsch.

MAN s’est rangé lundi aux arguments de son puissant actionnaire, se disant convaincu de “la logique industrielle” d’un rapprochement avec ses deux partenaires.

Volkswagen va proposer fin mai 95 euros par action ordinaire de MAN, et autour de 60 euros par action préférentielle.

L’action MAN vaut déjà plus en Bourse (97,99 euros lundi à la clôture). Ce qui fait dire à Frank Schwope, analyste de WestLB, que “pratiquement aucun actionnaire ne devrait l’accepter”. Pour lui, “elle sert principalement à se mettre en conformité avec la loi, pour ensuite avoir la liberté d’acheter d’autres actions MAN” sur le marché.

Objectif de Volkswagen, “une majorité claire à l’assemblée générale” des actionnaires de MAN, a déclaré M. Pötsch. Sur la base de la pondération entre actions ordinaires et préférentielles, privées de droit de vote, “tout chiffre compris entre 35% et 40% devrait remplir cet objectif”.

Il suffira donc que 5% à 10% du capital soient apportés –ou achetés ultérieurement– pour que Volkswagen ait les coudées franches chez MAN. Il lui en coûtera entre 1 et 1,5 milliard d’euros, a estimé le directeur financier.

La suite n’est pas encore écrite. “Que MAN rachète Scania ou Scania rachète MAN, il y a plusieurs options, et nous les gardons toutes ouvertes”, a expliqué M. Pötsch. Volkswagen détient 45,7% de Scania, MAN en possède 13,4%.

A Stockholm, l’action Scania a terminé en hausse de 3,67% à 155,50 couronnes. Selon un analyste interrogé par l’AFP, “les actionnaires de Scania sont rassurés que Scania ne soit pas celui qui rachète MAN”.

Empêtré dans un scandale de corruption chez une ancienne filiale, Ferrostaal, MAN ne fait effectivement pas forcément figure de cible de choix. L’affaire pèse néanmoins pour Volkswagen moins dans la balance que la perspective de synergies par millions.

A Francfort les investisseurs étaient plus mesurés: Volkswagen, qui est aussi en plein rachat de Porsche, a fini en baisse de 2,15% à 127,60 euros.

Certains, comme M. Schwope, prévoient à terme un rachat complet de MAN, pour quelque 10 milliards d’euros.