à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[09/05/2011 16:58:33] PARIS (AFP) L’agence de notation Standard & Poor’s a abaissé lundi la note de la Grèce, en raison de l’accroissement de la probabilité d’une restructuration de sa dette, et sa concurrente Moody’s Investors Service a laissé entendre peu après qu’elle pourrait faire de même.
S&P a annoncé dans un communiqué avoir dégradé de deux crans la note du pays à “B”, contre “BB-” précédemment, ce qui place la Grèce plus profondément encore dans la catégorie des emprunteurs peu fiables.
Ces notes restent sous surveillance négative, ce qui implique que l’agence américaine pourrait décider rapidement de les abaisser de nouveau.
S&P a expliqué sa décision par le fait que les gouvernements de la zone euro, qui ont accepté de repousser la date d’exigibilité du remboursement de leurs prêts à la Grèce, pourraient être tentés d’exiger un effort similaire de la part des créanciers privés du pays.
Pour l’agence, si les créanciers privés de la Grèce se voient réclamer d’assumer de la sorte une partie du fardeau, on pourrait parler de défaut partiel. Même si cette restructuration n’implique pas de perte en capital, les créanciers du pays se verraient ainsi appliquer un traitement moins favorable que prévu lors de l’achat de leurs titres, a-t-elle fait valoir.
Réagissant à la décision de S&P, le ministère grec des Finances l’a qualifiée de “sans validité”, dans la mesure où elle ne découlait d’aucune “nouvelle information ou décision aggravant la situation de la Grèce”.
S&P a rappelé que fin mars, elle avait averti qu’elle pourrait abaisser sa note de la Grèce si le pays n’atteignait pas ses objectifs de déficit budgétaire. Or en 2010, la Grèce a enregistré un déficit public représentant 10,5% de son produit intérieur brut, au lieu des 9,6% initialement prévus.
“Nous pensons que nombreux sont les créanciers publics de la Grèce dans la zone euro qui ont déduit que cette augmentation des besoins de financement du gouvernement grec (…) allait rendre plus difficile un retour du pays sur le marché des capitaux (…) en fin d’année ou au début de l’année prochaine comme il était initialement prévu”, a analysé l’agence.
Pour S&P, les investisseurs en obligations grecques pourraient se voir demander d’abandonner 50% “ou plus” de la valeur de leur mise de départ pour ramener la dette grecque à un niveau supportable à long terme, “au vu de la croissance tendancielle de l’économie” du pays.
S&P prendra sa décision dans les trois mois sur un éventuel nouvel abaissement de la note du pays. L’agence a précisé qu’elle s’y résoudrait “si la possibilité d’une restructuration d’urgence de la dette a encore augmenté”.
De son côté, Moody’s a indiqué qu’elle réfléchissait elle aussi à une dégradation de la note du pays, en invoquant elle aussi la mauvaise surprise de la révision à la hausse du déficit public. Elle a prévenu que sa note pourrait être abaissée de plusieurs crans si son examen de la situation du pays mettait en évidence que son endettement n’était pas tenable sur la durée.
Moody’s note que les objectifs économiques fixés par la Grèce sont ambitieux et que le pays aura du mal à les remplir. Un retour du pays sur le marché des capitaux en 2012, comme prévu initialement, lui semble “de plus en plus improbable” et l’agence relève que les solutions publiquement évoquées par certains responsables correspondraient à sa définition d’un défaut de paiement.
Enfin, selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung à paraître mardi, la troisième grande agence mondiale, Fitch Ratings, pourrait à son tour bientôt abaisser sa note du pays, de “BB+” actuellement à “B” voire “B-“.
Contrairement à de précédentes occasions, les décisions des agences n’ont eu qu’un effet modeste sur les marchés. Les taux longs grecs se sont tendus modérément et le petit rebond de l’euro s’est essoufflé. En revanche, en Bourse, les valeurs bancaires ont été attaquées.