Peut-on investir, accroître la production et exporter dans un contexte où ne prévalent ni sécurité ni paix sociale, un contexte similaire à celui qui prévaut, actuellement, en Tunisie? Cette question a été évoquée en filigrane, à l’occasion d’une récente réunion qui a groupé le gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Ennabli, des investisseurs et des chefs d’entreprise.
Au commencement, un constat relevé par le gouverneur de la BCT à la lumière de statistiques officielles: au cours des quatre premiers mois de l’année 2011, l’off shore a augmenté ses exportations de plus de 10%. Par filières, ce sont les industries mécaniques et électriques qui se sont distinguées avec un accroissement de leurs exportations au fort taux de 26%, et ce en comparaison avec la même période de l’année écoulée.
Parallèlement, le régime général (exportation de phosphate, d’acide phosphorique, d’huile d’olive…) n’a pas été aussi performant que l’off shore. Ses exportations ont sensiblement reculé. Les industriels et prestataires de services locaux, qui ont participé à cette réunion, ont justifié cette contreperformance par l’absence de sécurité dans le pays, et surtout par la recrudescence des sit-in, des pillages d’entreprises et des revendications syndicales. Selon eux, toute reprise de l’activité économique demeure tributaire de deux facteurs: le déblocage imminent des aides décidées en faveur des entreprises sinistrées et l’instauration de la paix sociale en contrepartie d’augmentations salariales.
Réagissant à ces explications, le gouverneur de la BCT n’a pas manqué de rappeler à son auditoire que les facteurs sécurité et paix sociale sont, certes, importants mais ne sont pas aussi déterminants pour relancer la machine économique en cette période révolutionnaire aggravée par les effets pervers et amplifiants de la guerre civile en Libye.
Pour preuve, les investisseurs étrangers implantés en Tunisie, qui évoluent pourtant autant que leurs homologues on shore, dans un même environnement peu sécurisé et plein d’incertitudes, sont parvenus à produire et à accroître leurs exportations.
Le gouverneur de la BCT a expliqué cet état de fait par l’attentisme, voire le «wait and see» des deux principaux acteurs économiques, les banques et les entreprises lesquelles, plombées par leur frilosité, n’ont pas eu le courage de se ressaisir, d’investir et de créer de précieux emplois, particulièrement en cette période cruciale.
Pour y remédier, le gouverneur de la BCT ne voit pas d’autre solution que d’inciter les banques et les entreprises à anticiper sur le futur et à prendre des risques «fussent-ils calculés».
A bon entendeur.