égustent du vin dans le village de Franschoek, dans la région sud-africaine du Cap, en mars 2011 (Photo : Stephane de Sakutin) |
[11/05/2011 07:52:23] FRANSCHHOEK (Afrique du Sud) (AFP) Les viticulteurs de la région du Cap accueillent les touristes par bus entiers, les bichonnant à coups de dégustations et de bons petits plats. Ils veulent ainsi augmenter leurs revenus, et surtout renforcer leurs positions à l’export.
Les Suédois sont particulièrement choyés. La Suède est en effet le troisième marché pour les vins sud-africains, après le Royaume-Uni et l’Allemagne.
“En ce moment, c’est assez stable, mais nous devons nous battre pour chaque miette. Le marché est dur”, indique Jamiel Ryklief, responsable de la cave de Boschendal, un splendide domaine vieux de trois siècles situé à 65 km du Cap (sud-ouest).
Créé au XVIIe siècle par les colons européens –en particulier des huguenots ayant fui la France après la révocation de l’Edit de Nantes–, le vignoble sud-africain est devenu le septième du monde.
L’Afrique du Sud ne pouvait pas ou peu exporter ses vins pendant l’apartheid. Maintenant que les sanctions ont été levées, les ventes à l’étranger représentent 55% de la production.
Elles ont rapporté 7,7 millions de rands (790 millions d’euros) en 2009, un chiffre pourtant en baisse de 4% par rapport à l’année précédente, pour cause de crise mondiale. Le marché britannique a particulièrement souffert.
La force du rand a compliqué les choses, rendant les vins sud-africains plus chers.
Mais les vignerons du Cap ont entrepris de compenser en se tournant vers le haut de gamme et en investissant de nouveaux marchés, explique André Morgenthal, porte-parole de l’association professionnelle Wines of South Africa (Wosa).
“Nous avons des performances réjouissantes dans les pays nordiques”, relève-t-il, ajoutant, plus généralement, que “depuis une dizaine d’années, nous encourageons les producteurs à étendre leur spectre hors du Royaume-Uni et d’Europe”.
à Franschoek, dans la région sud-africaine du Cap (Photo : Stephane de Sakutin) |
Parmi les cibles, l’Asie occupe une place de choix.
“La Chine est encore un petit marché, mais avec des taux de croissance de 70 à 80%”, note M. Morgenthal, ajoutant que la profession a aussi des vues sur l’Inde.
“C’est un projet à long terme. Le défi est d’apprendre aux gens à boire du vin, et d’apporter une culture alliant gastronomie et vin, parce qu’ils n’ont pas l’habitude de boire des boissons alcoolisées aux repas.”
Cet art de vivre que veulent promouvoir les vignerons, ils le vendent aussi aux touristes, qui sont de plus en plus nombreux dans l’arrière-pays du Cap.
“En 2009, le tourisme lié au vin a apporté environ 4,3 milliards de rands (440 millions d’euros), et nous croyons qu’il a encore un grand potentiel de croissance”, a récemment relevé le ministre du Tourisme Marthinus van Schalkwyk.
Les vignobles sont notamment devenu un paradis gastronomique, en particulier Franschhoek –littéralement “le coin des Français”–, un village qui cultive ses origines françaises du temps des huguenots et abrite de très nombreux restaurants.
Reuben Riffel, un Sud-Africain qui a remplacé le célèbre chef britannique Gordon Ramsay aux fourneaux de l’hôtel de luxe One & Only au Cap se considère comme un parfait exemple de l’explosion culinaire liée au vin de la région.
“Le vin et la gastronomie ont fait Franschhoek. Les deux se sont développés ensemble: les domaines viticoles et les restaurants”, observe le chef natif du village, qui a commencé comme serveur et possède aujourd’hui trois établissements.
“Quand les gens peuvent apprécier le vin sur le domaine (…), ça le personnifie. Ce n’est plus un produit, c’est une mémoire que vous créez”, estime Jamiel Ryklief à Boschendal.
Et ces touristes ravis continueront à acheter des vins sud-africains, est-il convaincu.