Délits d’initié à Wall Street : le patron de Galleon reconnu coupable

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à New York le 11 mai 2011 (Photo : Emmanuel Dunand)

[11/05/2011 16:42:32] NEW YORK (AFP) Le patron fondateur du fonds d’investissement Galleon, Raj Rajaratnam, a été reconnu coupable mercredi à New York de tous les délits d’initiés dont il était accusé, au terme d’un procès considéré comme l’une des plus grandes opérations de la justice contre les abus de Wall Street.

M. Rajaratnam est resté impassible et apparemment détendu à l’énoncé du verdict, comme tout au long de ce procès ouvert le 8 mars. Il a même souri en parlant à ses avocats après le verdict.

Le juge Richard Holwell chargé du dossier l’a laissé en liberté sous caution, en attendant le prononcé de sa peine le 29 juillet. Il encourt jusqu’à 25 ans de prison.

Son avocat John Dowd a indiqué qu’il ferait appel.

M. Rajaratnam, un milliardaire d’origine sri-lankaise âgé de 53 ans, était accusé d’avoir piloté des transactions illégales, sur la base de fuites d’informations confidentielles sur des sociétés cotées, un stratagème qui a rapporté “environ 45 millions de dollars” entre 2003 et 2009, sans compter des dizaines de millions de dollars supplémentaires en pertes évitées.

Seul accusé dans ce procès qui a vu défiler une pléiade d’hommes d’affaires reconnus, M. Rajaratnam n’avait pas été appelé à la barre par les avocats défendant son dossier.

Le procès s’était ouvert le 8 mars dernier, et les jurés ont mis 12 jours à parvenir à une décision.

L’accusation avait bâti son dossier sur de nombreux enregistrements de conversations téléphoniques. “Vous avez entendu que les preuves les plus évidentes sont venues d’enregistrements, la preuve la plus puissante de la culpabilité du prévenu est sa propre voix”, avait souligné le procureur adjoint Reed Brodsky lors de sa plaidoirie finale.

L’accusation avait également fait témoigner plusieurs personnes ayant déjà plaidé coupable dans ce dossier.

La défense de son côté avait tenté de faire valoir que M. Rajaratnam n’avait rien fait d’illégal, et avait décidé de ses opérations de marché sur la base d’informations ou publiques ou obtenues de façon légitime.

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ès Galleon, le 20 avril 2011 (Photo : Shirley Shepard)

“La démonstration de l’accusation réside dans la fiction selon laquelle les négociations entre sociétés ne sont jamais rendues publiques avant le communiqué final des entreprises”, avait déclaré M. Dowd, mais “ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans la vraie vie”.

A l’énoncé du verdict, l’accusation a demandé en vain à ce que M. Rajaratnam soit immédiatement envoyé en prison, notant que s’il prenait la fuite et trouvait refuge dans son Sri Lanka natal, il pourrait ne jamais revenir. “Depuis 22 ans qu’il y a un traité d’extradition, pas un seul Sri Lankais n’a été extradé” aux Etats-Unis, a souligné un des procureurs.

Mais la défense a assuré que le coupable ne risquait pas de sauver: “95% de ses biens sont dans ce pays”, a fait valoir son avocat.

Le procureur fédéral de Manhattan Preet Bharara, qui avait voulu faire de cette affaire un exemple, a souligné que “Raj Rajaratnam, autrefois milliardaire et patron de ‘hedge-fund’ de haut vol, est maintenant un repris de justice, à 14 titres”.

“Rajaratnam figurait parmi les meilleurs et les plus brillants, il était l’un des professionnels ayant fait le plus d’études, ayant obtenu les plus grands succès, l’un des plus privilégiés du pays. Mais comme tant d’autres ces derniers temps, il a laissé l’appât du gain et la corruption le mener à sa perte”, a-t-il ajouté.

Prenant parfois l’allure d’une réunion du Who’s Who de la finance américaine, le procès avait notamment vu témoigner Lloyd Blankfein, le PDG de la prestigieuse banque d’affaires Goldman Sachs dont les actions avaient fait l’objet de transactions suspectes.

M. Blankfein avait expliqué qu’un ancien administrateur de Goldman Sachs, Rajat Gupta, lui-même ancien patron du prestigieux cabinet de conseil McKinsey, avait enfreint un code de confidentialité en discutant avec M. Rajaratnam de la situation de la banque.