L’Etat tunisien, sur proposition de l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, participerait au financement des campagnes électorales pour l’élection de la Constituante le 24 juillet prochain. Un décret-loi serait éventuellement élaboré à cet effet par l’Instance.
Publics, privés, ou combinés, les financements des partis politiques doivent être transparents et on doit pouvoir établir leur traçabilité. Professeur de droit public et porte-parole de la Haute instance, brillant chercheur en politique qui avait déclaré à propos de son rôle et celui de ses confrères au sein de l’Instance, «nous ne sommes que des scribes… mais d’un droit démocratique», Ghazi Ghrairi estime que les partis politiques doivent être soumis à des obligations de transparence.
Lors d’une interview accordée tout récemment à WMC, il a indiqué que si la Tunisie veut aujourd’hui édifier une réelle démocratie, il faut commencer par élever le débat public sur la base d’éléments tangibles et non pas de présomptions. Prenant l’exemple du financement des partis politiques, il a soutenu: «si nous arrivons à répondre à la question comment les partis sont financés et qui les financent, nous trouverons peut-être une part de réponse aux interrogations de nombre de personnes. Cela dépend aussi de l’évolution institutionnelle pour mettre en place un système de contrôle des financements. C’est-à -dire la transparence des comptes, leur révision et la possibilité d’avoir des instruments performants de contrôle des partis politiques».
Le débat est aujourd’hui focalisé sur le financement public de la campagne électorale. «C’est le choix retenu par la Haute instance qui estime que c’est un moyen nécessaire pour garantir l’égalité entre les listes, quelles que soient les forces sociales et économiques derrière. Par ailleurs, on se pose moins de questions sur les moyens actuels dont disposent les partis, la levée des fonds des partis politiques nouveaux ou anciens et vers qui va se faire la captation du financement national mais privé des partis politiques».
Pour Ghazi Gherairi, la question du financement des partis est non seulement une question d’ordre technique mais elle est aujourd’hui nécessaire pour fonder une nouvelle morale politique. «Une morale politique dont notre pays a éminemment besoin et qui suppose un autre rapport à la morale. Parmi ses conditions se pose celle du rapport à l’argent. L’argent est nécessaire en politique, mais il doit être le plus visible, le plus transparent et le plus traçable possible».
Ceux qui dérogent à ces règles ou les méprennent doivent être de manière tout aussi juste et tout aussi transparente tenu pour responsables de leurs actes et doivent assumer leurs responsabilités, estime M. Gherairi: «Ceci sans esprit de revanche ou de sectarisme mais d’égalité devant la loi et du respect de la charge publique. Ceux, dans notre pays, qui assumeront désormais leurs responsabilités doivent savoir qu’ils sont investis d’une mission qui consiste, à la fois, en l’honneur de servir l’Etat et le pays, mais également en la responsabilité de ne pas en profiter ou déroger aux règles d’égalité dans la compétition».