énéral du FMI Dominique Strauss-Kahn à Washington le 15 avril 2011 (Photo : Nicholas Kamm) |
[12/05/2011 07:04:02] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international joue une bonne partie de sa crédibilité en Grèce, dont la crise économique pourrait ternir le bilan de son directeur général Dominique Strauss-Kahn si elle s’aggravait encore.
L’échec n’est pas imaginable pour ce qui devrait être le plus grand prêt jamais versé par l’institution, 30 milliards d’euros. Le FMI l’a dit et répété: si elle suit ses prescriptions, la Grèce finira par se sortir de ses problèmes.
“Pour que ce programme marche, nous avons besoin de deux choses : que le pays fasse exactement ce qui est dans le programme, même si c’est difficile, et que les autres partenaires, en l’occurrence les Européens, fassent leur propre travail en matière de mécanisme de lutte contre la crise. C’est tout”, disait M. Strauss-Kahn lors de sa dernière intervention sur le sujet, le 16 avril.
Lui qui affirme régulièrement que la relance conseillée par le FMI en 2008 a “sauvé le monde d’une chute libre de son économie”, comme il l’a rappelé dans un discours du 4 avril, a tout intérêt à voir la Grèce se redresser grâce à ses conseils.
Car comme il l’admettait dans un documentaire diffusé par Canal+ le 13 mars, quand une population d’un pays en récession souffre, “la colère, elle tombe sur ces salauds du FMI”.
Mais “la Grèce y arrivera”, assurait-il encore le 14 avril.
Pour Domenico Lombardi, professeur d’économie et ancien administrateur du FMI pour l’Italie, elle n’y arrivera qu’à une condition : qu’on augmente les montants prêtés au pays. “Il est clair que le financement n’est pas suffisant”, dit-il à l’AFP.
“Je ne crois pas que les Européens vont investir davantage d’argent. Cela va mettre la pression sur le FMI pour avancer les sommes nécessaires”, estime-t-il.
Une mission du FMI a commencé ses travaux mardi à Athènes pour examiner, avec les fonctionnaires de la Commission et de la Banque centrale européennes, les conditions du versement de la cinquième tranche de l’aide accordée en mai 2010.
Ils doivent répondre à une question délicate : la Grèce a-t-elle les moyens d’honorer sa dette publique ?
Pour convaincre le monde entier que c’était le cas, lors de la dernière mission, en février, un représentant du FMI avait annoncé devant la presse à Athènes, avant que le gouvernement grec ne le fasse, que le montant des privatisations d’ici à 2015 serait porté de 7 milliards à 50 milliards d’euros.
La méthode avait provoqué une mini-crise diplomatique avec le gouvernement. Il avait dénoncé une décision prise “d’une manière unilatérale”, avant de se rallier à cet objectif.
L’électrochoc n’a pas eu l’effet escompté sur les marchés : malgré l’ampleur de ces privatisations, la dette grecque fait encore plus peur aux investisseurs qu’il y a trois mois.
Quand le directeur des Affaires budgétaires du FMI Carlo Cottarelli jugeait en septembre une restructuration de cette dette “inutile, indésirable et improbable”, son avis faisait débat au sein du secteur financier. Aujourd’hui, confortées par les agences de notation, les banques misent en grande majorité sur une restructuration.
“La Grèce a atteint le point où, selon des projections réalistes, les dynamiques de sa dette ne sont pas viables. Le compte à rebours de la restructuration a commencé, de notre point de vue”, écrivaient mercredi les analystes de la banque britannique Barclays.
M. Strauss-Kahn a prévu de se rendre lundi à la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, a-t-on appris auprès d’un porte-parole du FMI mercredi.
“Malheureusement pour lui, le FMI ne peut jouer qu’un rôle limité. La question qui importe le plus, et à laquelle doivent répondre Bruxelles et Francfort, c’est de savoir comment rendre la zone euro viable”, a commenté M. Lombardi.