La guerre civile en Libye et sa conséquence directe, la suspension des échanges commerciaux entre libyens et Tunisiens ont mis à nu le peu d’activités économiques viables dans le sud du pays, et surtout le désintérêt dont cette région a fait l’objet, des décennies durant. Zoom sur une zone sinistrée.
Avec la fermeture de la frontière tuniso-libyenne, des milliers de gens, qui vivaient du change et du commerce informels, se sont trouvés, du jour au lendemain, sans sources de revenu. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le flux des milliers de réfugiés libyens et étrangers, fuyant les affres de la guerre, a aggravé la précarité de vie de cette communauté, particulièrement hospitalière, malgré les difficultés. Des essaims de femmes, d’enfants et d’émigrés sont actuellement logés, entretenus et encadrés aux frais des gens du sud.
Selon des statistiques officielles, le village frontalier de Ben Guerdane compte à lui seul quelque 80.000 personnes affectées, de plein fouet, par l’arrêt des échanges économiques avec la Libye.
Pis, les habitants de cette région, notamment les jeunes, ne croient pas à une quelconque assistance du gouvernement tunisien. Il suffit de les écouter à la télévision pour comprendre, non sans une grande amertume, combien leur désespoir est grand. La Tunisie ne les fait pas rêver, hélas. Ils ne rêvent que de partir vers l’Europe et de courir moult risques, y compris celui de perdre la vie, pour arriver à l’île italienne de Lampedusa, première étape d’une véritable descente aux enfers… pour beaucoup d’entre eux.
Pourtant, à y regarder de près, le potentiel économique de la bande frontalière avec la Libye est loin d’être négligeable. Cette zone engrange d’importants créneaux porteurs qui ne demandent qu’à être valorisés.
Parmi ces créneaux, figure l’activité touristique. La zone abrite les plus belles oasis maritimes de la Méditerranée. Dans la perspective de les valoriser, les projets d’aménagement des zones touristiques de Lella Hlima, Lella Meriem et Lella Hadria à Djerba méritent d’être dépoussiérés et mis à exécution dans les meilleurs délais.
Ces stations touristiques de nouvelle génération peuvent constituent, par ailleurs, une activité structurante pour promouvoir le tourisme saharien, oasien et culturel dans tout le sud.
Le projet de la station de Lella Hlima, dont le démarrage a été programmé pour cette année (2011), prévoit d’investir 1 milliard de dinars et de créer 6.000 emplois, ce qui est loin d’être négligeable en cette période où l’emploi se fait rare.
Le pôle d’activité économique de Zarzis peut, également, constituer le noyau d’une grande zone franche. Localisée entre Zarzis et Zouara, elle abriterait des usines exportatrices mixtes tuniso-libyennes et autres prestations logistiques destinées au marché libyen lequel va se stabiliser, un jour ou l’autre. C’est du moins ce qu’on espère.
C’est pour dire, enfin, que ce ne sont pas les idées qui manquent pour sédentariser les communautés de cette zone frontalière.