Tunisie : La Cour des Comptes publie ses rapports,… Une première

Le dernier conseil des ministres, celui du 7 mai 2011, a adopté un projet de
décret sur l’accès aux documents administratifs. Dans cette optique, le
président de la République par intérim, Foued Mebazâa, a décidé de rendre public
les cinq derniers rapports annuels de la
Cour des comptes.

Il s’agit d’une première qui peut être qualifiée d’«un autre grand acquis» de la
révolution du 14 janvier 2011. Pour mémoire, ce rapport, qui est à sa 25ème
édition en 2011, n’a jamais été publié dans sa totalité. Seuls des extraits
minutieusement filtrés et contrôlés en sont publiés dans le Journal officiel.

Dans les grandes démocraties, la publication de ce rapport considéré comme un
secret d’Etat en Tunisie, a toujours été un évènement fort attendu. La mise à la
disposition du public d’un tel document est perçue comme un signe d’urbanité
partout dans le monde d’autant plus que les conclusions de ce rapport n’ont
jamais été contraignantes.

Elaboré par la Cour des comptes, juridiction administrative, chargée
principalement de contrôler la régularité des comptes publics, de l’État, des
Établissements publics nationaux, des entreprises publiques, de la Sécurité
sociale, ainsi que des organismes privés bénéficiant d’une aide de l’État ou
faisant appel à la générosité du public, ce rapport a pour mission d’informer le
Parlement, le gouvernement et l’opinion publique sur la régularité des comptes.

Néanmoins, l’important ne réside pas uniquement dans la publication de ce
rapport mais plutôt dans la qualité et l’utilité des informations qu’il
comporte.

Car ce rapport, tout comme les autres rapports sur la situation économique dans
le pays (rapports annuels de la Banque centrale de Tunisie, du Conseil du Marché
financier, du Conseil Economique et Social, du Conseil supérieur du
développement, documents du budget général, budget économique, Loi de
finances….), est sensé éclairer décideurs et analystes sur le bon ou le mauvais
comportement des branches d’activités économiques. Ces mêmes rapports
constituent, du reste, pour les chancelleries et les investisseurs étrangers de
précieux supports d’information sur l’état des lieux, l’évolution et les
tendances de l’économie du pays.
Malheureusement, sous la dictature du président déchu, ces rapports brillaient
par leur positivité, inconsistance et inanité.

D’où tout l’enjeu, hautement stratégique, de veiller, dorénavant, à ce que les
données publiées dans ces rapports soient les plus complètes possibles, les plus
précises possibles, les plus utiles possibles…

Il y a, effectivement urgence à améliorer la qualité du contenu de ces
documents, de les enrichir et d’en faire de véritables outils d’aide à la
décision. L’objectif est de disposer d’une information exhaustive, précise et
actualisée sur l’évolution de l’économie du pays. Il y va de la crédibilité du
pays.