à Clermont-Ferrand (Photo : Thierry Zoccolan) |
[13/05/2011 06:19:56] PARIS (AFP) Fondé il y a plus de 120 ans par deux frères, le groupe Michelin va vivre un événement sans précédent vendredi avec la nomination en assemblée générale d’un patron extérieur à la famille, accompagnée d’un renforcement de sa gouvernance.
En dévoilant en février les résultats de “l’excellente année” 2010 du groupe au célèbre Bibendum, son patron Michel Rollier, 66 ans, a également annoncé son départ dans les “18 à 24 mois, mais pas plus”. Soit bien avant le couperet de 72 ans imposé par les statuts du groupe, société en commandite par actions.
“Dans le cadre de la préparation de mon futur départ à la retraite qui, sauf circonstances indépendantes de ma volonté, sera soumis à l’accord des actionnaires”, les dirigeants de Michelin ont souhaité “dans un souci de continuité (…) m’adjoindre un nouveau gérant associé commandité en la personne de Jean-Dominique Senard”, explique M. Rollier dans l’avis de convocation à l’AG.
M. Rollier s’était retrouvé seul aux commandes de Michelin après le décès accidentel d’Edouard Michelin –arrière-petit-fils du fondateur– en mai 2006 à l’âge de 42 ans. Depuis mai 2005, ils étaient co-gérants commandités, c’est-à-dire responsables sur leurs biens pour les dettes de l’entreprise.
M. Senard, 58 ans, a rejoint le groupe de pneumatiques en mars 2005 en tant que directeur financier avant d’être nommé en mai 2007 gérant non commandité avec Didier Miraton, alors directeur général du centre de recherches du groupe.
à Clermont-Ferrand (Photo : Thierry Zoccolan) |
Lorsqu’il pilotera le groupe en solo, Jean-Dominique Senard sera le premier patron depuis sa création en 1889 à ne pas être un descendant des fondateurs, les frères André et Edouard Michelin. Michel Rollier est un cousin issu de germain.
Outre la nomination de M. Senard, les centaines d’actionnaires qui vont faire le déplacement au siège historique de Michelin à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) vont aussi devoir se prononcer sur des résolutions destinées à clarifier et à renforcer la gouvernance de l’entreprise.
Ainsi, le mandat des gérants –commandités ou non– sera limité à quatre ans renouvelables alors qu’actuellement le gérant commandité est nommé jusqu’à ses 72 ans, sans possibilité de démission ou de révocation. Le mandat d’un gérant non commandité est actuellement de cinq ans renouvelables.
Les actionnaires sont également invités à accepter la mise en place d’une procédure de révocation d’un gérant commandité pour “juste motif”, et de lui permettre de démissionner. Toute démission devra néanmoins, selon la résolution proposée, être acceptée en assemblée générale extraordinaire.
Le groupe compte de plus créer une fonction de président de gérance en cas de pluralité de gérants.
Par ailleurs, le conseil de surveillance de Michelin va bénéficier d’un renforcement de son rôle de contrôle de la gestion menée par les gérants et obtenir une nouvelle mission d’appréciation de la qualité de gestion, a expliqué M. Rollier.
Le conseil serait notamment “régulièrement” informé de la situation du groupe par les gérants et se verrait soumettre “ponctuellement des projets à caractère significatif”.
Michelin a engrangé en 2010 un chiffre d’affaires de 17,89 mds EUR (+20,8%), et décuplé son bénéfice net à 1,05 milliard d’euros. Le versement d’un dividende de 1,78 euro, contre 1 euro au titre de 2009, va être soumis au vote des actionnaires.
Au 31 décembre 2010, Michelin était détenu à 55,20% par des investisseurs institutionnels étrangers, à 29,80% par des institutionnels français, à 13,20% par des actionnaires individuels et à 1,80% par ses salariés.