Sigma Conseil publie un dernier sondage sur la typologie de l’électorat national. On découvre que le peuple est prêt pour la bataille électorale. Mystère toutefois, la grande majorité des Tunisiens n’a pas encore fait son choix. La transition démocratique n’est pas encore tranchée. Gare!
La «fringale» des urnes
Le 24 juillet, 94% de Tunisiens sont déterminés à aller voter. Nous avons hâte de découvrir cet engin magique, l’urne, la boîte à bulletin qui a longtemps été pour nous une boîte noire. Elle nous a souvent roulés et même qu’en 1983, cette boîte surprise, acceptant une majorité de bulletins verts le lendemain, nous les a sortis de couleur rouge. Enfin, l’heure de la revanche ou de la justice va sonner. Pour la première fois de la vie de la Tunisie indépendante, la volonté populaire va s’exprimer. En toute transparence.
Nous avons l’effusion facile, nous Tunisiens, mais nos lecteurs admettront que c’est un moment d’émotion nationale de faire parler les urnes sans fraude électorale. Ce rush est -encore!- une occasion où on renoue avec les scores à la 99%, mais cette fois on est dans le sens souhaité par le bon peuple.
L’ennui est que 74% d’entre nous ne savent pas pour qui voter. Les partis ont un sérieux retard à rattraper en matière de visibilité et de lisibilité. Nous sommes 51% à ne pas connaître les partis politiques. Chose compréhensible. Les partis, de création récente, n’ont pas encore pris place dans le panorama politique national. Ceux qui existaient sous la dictature étaient sévèrement muselés. Le pluralisme était bien de façade et ne leur faisait qu’une place de figurants.
Rien n’est encore joué
Sur les 26% qui ont déjà fait leur choix, le scrutin est sans surprise. Ils sont 25% à voter Ennahdha. 20% voteront pour le PDP de Nejib Chebbi. Ils sont 11% à vouloir voter Ettajdid de Ahmed Ibrahim et 5% pour le FDTL de Mustapha ben Jaafar. Enfin 5% voteront CPR et 3,9% pour le POCT.
Nous nous arrêtons à ce palier car les 30% qui restent sont trop fragmentés. Les enseignements de ce sondage sont nombreux. Le premier est que le bloc des 74% est à prendre et c’est là que se jouera la partie demain.
Par ailleurs, les clivages politiques prononcés démentent le découpage fait par certains analystes qui soutiennent que le pays comporte un bloc au centre de 60% avec 2 fois 20% sur les extrêmes. Par conséquent, les coalitions au centre doivent être calibrées avec beaucoup de précision. Il faudra se serrer les coudes.
Dernier point: on ne sait si le mode de scrutin reflétera exactement les intentions de vote. Nous y reviendrons.