Ils se sont constitués en think tank par simple sentiment patriotique. Leur
engagement est sincère. Leur initiative est spontanée. Leurs sympathisants ne
s’y trompent pas et la vague grandit. Ils suscitent une vaste dynamique
d’adhésion. Moez Gueddas est à la tête de ce «mouvement» qui est énergiquement
«popularisé» par Moez Joudi. Il est vrai qu’ils ont tout des «Happy Few», qu’ils
se réunissent dans un grand hôtel et offrent un buffet. Ils nous ont conviés à
leur réunion du 10 mai pour nous rendre compte que leur mobilisation est
véridique. Ils ne font contribuer personne et y vont de leurs propres deniers.
Ils ont un rapport fusionnel à l’idéal révolutionnaire.
Nantis et patriotes. Sans le moindre relent de snobisme, ils font corps avec le
bon peuple. Ambiance sérieuse et disciplinée mais en aucune façon amidonnée ou
maniérée.
S’ils ne se voient pas sur une barricade c’est par refus du hooliganisme
militant. Ils ont la tête bien sur les épaules et les pieds sur terre.
La transition offre à tous les Tunisiens, de toutes conditions, la chance de
participer à l’œuvre de transition démocratique. Il faut en mettre un coup,
pensent-ils, et se fondre dans cet élan national de sorte que demain la
physionomie politique du pays ressemble à ce que nous avons toujours espéré
construire, c’est-à-dire un Etat de droit.
Passer à la vitesse supérieure
Chaque mardi, les dirigeants d’AFKAR convient un représentant de parti politique
au titre de «guest speaker». Ils l’interrogent sur «ce que sera la Tunisie de
demain». Et l’invité de parler de la profession de foi de son parti et de sa
représentation de la 2ème République. Ce mardi 10 courant, c’était le tour de
Mohamed Jegham, ancien ministre et co-fondateur du parti «El Watan». Le débat
est d’abord engagé par Moez Gueddas, et la parole est ensuite donnée à
l’assistance. Les débats sont riches et enrichissants.
Cependant, à un peu plus de deux mois du 24 juillet, nous considérons que le
format de la réunion doit être reconfiguré. En toute bonne foi, nous pensons que
le modèle de la deuxième République ne doit pas sortir de l’imagination des
politiques mais de la volonté du bon peuple. Pour éviter d’éventuelles
surprises, nous devons contraindre les politiques à se conformer au modèle
auquel nous nous attachons.
Au lieu donc de les «laisser-faire», il faut les «sermonner». Il n’y a aucun mal
à ce qu’AFKAR devienne un grand Jury, non plus pour écouter les propositions des
politiques mais pour les «sonder» sur les faits saillants de l’actualité. C’est
l’occasion de connaître leurs positions sur le programme économique du
gouvernement qui est presque achevé, de leur faire dire ce que seront les
réformes qu’ils engageraient.
Faute de culture du pouvoir, car l’opposition en était sevrée de tous temps, au
moins que les politiques se livrent à un test d’essai.
Un réseau national, c’est possible
Nous souhaitons qu’AFKAR génère des cellules dans les régions. Une transmission
par visio-conférence est possible. A défaut, AFKAR accepterai-il de se déplacer
à l’intérieur du pays? AFKAR
est un concept qui se greffe sur le débat politique auprès des masses populaires
sans risque de rejet. Autant qu’il profite au plus grand nombre. L’heure est
décisive. Plus on est de gens à cogiter autour des enjeux de demain, plus il y a
de chance que le peuple reste maître du jeu.