C’est un véritable mystère qui plane depuis quelque temps et personne ne semble
y prêter attention ni chercher à le dénoncer pour en connaître les raisons. Les
démissions en cascade des directeurs des principales institutions culturelles du
pays méritent, au contraire, l’ouverture d’une enquête en bonne et due forme ne
serait-ce que pour apprécier où se situe le mal –si mal quelconque il y a. En
tout cas, il ne s’agit pas d’un cas isolé; par conséquent, tout porte à croire
qu’il y a un problème, et probablement un peu grave.
Jusqu’à la date d’aujourd’hui, nous rapporte-t-on, sept démissions ont été
enregistrées, laissant un grand vide à la direction: de Beït El Hikma, du Centre
National de la Traduction, de la Bibliothèque Nationale, du projet de la Cité de
la Culture, d’Ennejma Ezzahra, du Centre culturel de Hammamet et du Théâtre
National.
Première énigme: ni les directeurs démissionnaires n’ont cru bon de tenir
informés les médias quant au motif de leur départ volontaire, ni le ministère de
la Culture n’a cru bon d’expliquer ces éclipses en série. Y a-t-il eu, de la
part des démissionnaires, malversations, exactions ou quelque abus de pouvoir,
auquel cas il aurait été indispensable que l’opinion publique en soit informée?
Ou est-ce un simple hasard que ce départ collectif?… Peu probable. Mais ce qui
demeure certain, sans pour autant expliquer clairement quoi que ce soit, c’est
que ces départs ont eu lieu progressivement depuis la nomination de M. Ezdine
Beschaouch à la tête du ministère en question.
Deuxième énigme: la désignation de M. Beschaouch était surtout censée ouvrir le
dossier, épineux paraît-il, des pièces archéologiques subtilisées depuis
longtemps; or, rien n’a filtré sur cette question, mais, d’un autre côté, c’est
un tout autre dossier qui est monté à la surface: celui de ces mystérieuses
démissions.
De sorte qu’aujourd’hui –par-delà les démissions et le dossier des pièces
archéologiques–, l’on commence à se poser maintes questions: comment
fonctionnent ces institutions sans véritable direction? Qui fait quoi au juste?
Et que fait justement le ministère de la Culture depuis le 14 janvier 2011?
Qu’a-t-il prévu de réel, de concret? Y aura-t-il, oui ou non, la Foire du Livre
cette année? Y aura-t-il des festivals d’été? Y aura-t-il des subventions pour
le 4ème et le 7ème arts? Pour quand? Y a-t-il seulement un programme pour le
restant de l’année en cours? Se peut-il que tout le monde attende la date
fatidique du 24 juillet pour agir et faire quelque chose? Le flou est si opaque
qu’on en arrive à se demander s’il y a actuellement un ministère de la Culture
ou non! Se peut-il que Révolution soit synonyme de léthargie et de sommeil?
Pourquoi est-ce que personne ne nous dit ce qui ne va pas, ce qui va être fait,
et ce qui est condamné d’avance à être déprogrammé?
Et pour revenir à la question de départ: pourquoi est-ce que tous ces directeurs
ont préféré rentrer chez eux?… Le peuple veut des explications!