Tunisie : Le couvre-feu menace la reprise du tourisme

«J’ai voyagé la semaine dernière sur la ligne Tunis – Paris, à bord d’un avion
de
Tunisair, en classe d’affaires. J’ai eu droit à quatre petits salés et une
petite bouteille d’eau», s’indigne un chef d’entreprise. Les employés de Tunisie
Catering sont en grève depuis des jours. Ce qui fait que Tunisair n’arrive pas à
assurer ce service à bord de ses avions, cherchant des solutions de substitution
qui ne semblent pas être appréciées par les clients.

Encore le week-end dernier, l’annonce du couvre-feu sur le Grand Tunis a
provoqué des perturbations au niveau du handling. Les bagagistes sont rentrés et
des centaines de voyageurs, dont plusieurs touristes, se sont trouvés piégés ne
pouvant récupérer leurs bagages qu’avec l’intervention des agents de la
protection civile, sans oublier que ledit vol a pris du retard au décollage de
Paris. Une image qu’on n’aurait pas aimé voir, avec les efforts que le ministère
du Commerce et du Tourisme déploie pour relancer la saison touristique.

Couvre-feu oblige…

Du côté de Tunisair, on nous indique que cette dernière perturbation a été
occasionnée par le couvre-feu. Les employés de Tunisair Handling auraient pris
peur et sont rentrés évidemment plus tôt que d’habitude. Mais les choses sont
entrées dans l’ordre, nous rassure Mme Soulefa Mkaddem, responsable
communication à Tunisair.

Concernant Tunisie Catering, il semble que les choses ne se soient pas
arrangées. Les négociations continuent encore et les formalités juridiques
seraient en cours pour examiner un retour rapide des salariés à leur travail.

Il ne s’agit pas de la première grève de Tunisie Catering. Déjà en début
février, ses employés, à côté de Tunisair Handling, Tunisair Technics et
Sevenair avaient appelé à réintégrer Tunisair. Un accord a été conclu, le 3
février 2011, pour appliquer les statuts de la campagne aérienne nationale sur
ces trois filiales, à partir de janvier 2011. Mais il semble que cette procédure
prenne un peu plus de temps pour Tunisie Catering.

Pour les agents de voyage, la situation n’est pas meilleure, elle est même jugée
dangereuse pour l’emploi. L’un d’eux nous a déclaré que ce couvre-feu est le
pire qui leur arrive, au moment où la profession commençait à envisager une
certaine reprise du tourisme. Car même si ce couvre-feu ne concerne que le Grand
Tunis, “le touriste étranger voit, à travers lui, toute la Tunisie… puisque si
la capitale n’est pas sécurisée, le reste du pays doit être pire”, dit-il, avec
regret. Notre interlocuteur s’est même posé la question de savoir s’il y a
vraiment une coordination entre les départements du Tourisme et de l’Intérieur.

Des négociations en cours…

Tunisair n’étant pas le seul actionnaire dans la société. Ce qui fait que les
négociations tardent plus que les autres sociétés. Tunisair, ayant une part de
45%, chercherait un consensus avec les autres actionnaires, à savoir New-Rest
Infligh Espana (34%), Nouvelair (10%), CTKD (6%) et Karthago (5%). Les actions
de Karthago sont déjà rachetées par Nouvelair et les négociations sont en cours
avec les partenaires espagnols.

Il ne reste plus maintenant à espérer que le consensus intervienne le plus tôt
possible. Avec la saison touristique estivale qui commence, les services de la
compagnie aérienne nationale devraient être les plus performants possibles pour
donner une image qui colle vraiment à la révolution de la dignité. La dignité
dans le travail, la dignité dans l’accueil et la dignité dans le comportement.

En attendant que la situation de Tunisie Catering s’éclaircisse, les clients de
Tunisair devraient se contenter des rafraîchissants, pour les vols courts, et à
des sandwichs pour les vols long-courriers. Alors, vaut mieux bien manger avant
de prendre son vol.

Il est vrai aussi que le couvre-feu n’arrange pas trop les choses, pour le
tourisme mais aussi pour les affaires. Selon le chef d’entreprise –notre
interlocuteur-, plusieurs fournisseurs ont programmé de venir en Tunisie mais
ils ont eu peur et ont décalé leurs séjours. Et si l’on ajoute à cela un service
moins performant de notre compagnie aérienne nationale… il faut s’attendre à des
répercussions … négatives./p>