La zone euro fait le gros dos sur DSK et se dit prête à aider la Grèce

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èce à Athènes le 10 mai 2011 (Photo : Aris Messinis)

[16/05/2011 15:53:41] BRUXELLES (AFP) L’Europe a ouvert la porte lundi à un rééchelonnement de la dette de la Grèce enlisée dans la crise et a relativisé l’impact sur la zone euro de l’inculpation du patron du FMI, même si elle se positionne déjà en vue de sa succession.

“Nous sommes favorables à ce que le délai (donné à la Grèce pour rembourser ses dettes) soit prolongé, qu’on leur donne plus de temps”, a déclaré à la presse la ministre des Finances autrichienne, Maria Fekter, en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.

Elle a ajouté que si des créanciers privés souhaitaient s’associer à cette mesure, sur une base volontaire, ils seraient “bienvenus”.

L’Allemagne avait aussi évoqué dimanche pour la première fois la possibilité d’une rééchelonnement de la dette grecque, mais son ministre des Finances Wolfgang Schäuble avait prévenu qu’alors “tous les crédits devront être rééchelonnés”, y compris ceux des créanciers privés.

Un tel scénario serait une forme de restructuration “douce” de la dette. Mais les marchés financiers parient eux sur une restructuration “dure” qui verrait la Grèce renoncer à rembourser une partie de son énorme dette, qui atteint 150% du Produit intérieur brut national.

Le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, a alimenté ces spéculations en reconnaissant lundi que si les ministres se montraient “réticents” en public, ils discutaient “de toutes sortes de sujets, y compris de la restructuration”.

L’Espagne et la Belgique ont en revanche rejeté cette option, tout comme un porte-parole de la Commission européenne, Amadeu Altafaj, qui a mis en garde contre ses “conséquences dévastatrices” pour toute l’Union monétaire.

Mais lui non plus n’a pas semblé exclure l’option moins radicale d’une prolongation des échéances de remboursement ou d’une baisse des taux d’intérêt.

Il est aussi question de nouveaux prêts en faveur de la Grèce en plus des 110 milliards d’euros qui lui ont été octroyés l’an dernier sur trois ans par l’Europe et le FMI.

Un nouveau geste impliquera toutefois que la Grèce fasse de nouveaux efforts.

“Les Grecs doivent s’aider eux-mêmes avant de demander de l’argent supplémentaire”, a ainsi souligné Maria Fekter, soulignant notamment le “très haut potentiel de privatisations” du pays.

Après la Grèce, l’Irlande a bénéficié d’un plan de 85 milliards et le Portugal va suivre: les ministres doivent entériner lundi un plan prévoyant 78 milliards d’euros de prêts.

Le FMI participe à hauteur d’un tiers à chaque fois et son patron Dominique Strauss-Kahn était d’ailleurs attendu lundi à Bruxelles.

Mais il a dû se faire remplacer suite à une inculpation pour tentative de viol à New York, une affaire dont plusieurs ministres ont tenté de minimiser les conséquences pour la zone euro.

Les accusations sont “épouvantables”, mais “je ne vois pas ce que des faits avérés ou supposés dans un hôtel de New-York ont à voir avec la crise de l’euro”, a ainsi affirmé Wolfgang Schäuble.

Dominique Strauss-Kahn a toutefois joué un rôle personnel clé pour faire avancer les programmes d’aide dans la zone euro, et était considéré comme un allié d’Athènes dans les tractations en cours pour un nouveau coup de pouce financier.

En pleine crise de l’euro, l’identité de son successeur pourrait s’avérer cruciale, et certains pays ont déjà ouvert le débat en plaidant pour que le siège reste occupé par un Européen.

Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a ainsi jugé lundi “préférable que l’Europe continue à occuper ce poste”, tandis que la chancelière allemande, Angela Merkel, a évoqué “de bonnes raisons pour dire que l’Europe a de bons candidats”.