à New York le 15 février 2011 (Photo : Ben Hider) |
[16/05/2011 17:06:48] NEW YORK (AFP) La bataille autour du rachat de l’opérateur boursier transatlantique NYSE Euronext s’est achevée lundi avec le retrait de la contre-offre hostile lancée par Nasdaq OMX et IntercontinentalExchange, qui ont jeté l’éponge devant l’opposition des autorités de la concurrence.
“Nous avons décidé de retirer notre offre puisqu’il est apparu évident que nous ne pourrions pas obtenir les autorisations du régulateur”, a expliqué Bob Greifeld, le patron de Nasdaq OMX, dans un communiqué.
Le ministère de la Justice américain a effectivement indiqué une heure plus tard qu’il avait indiqué au Nasdaq et à l’ICE qu’ils seraient poursuivis s’ils maintenaient leur offre, car “l’acquisition aurait éliminé de façon substantielle la concurrence sur le marché de la cotation des entreprises”.
“Le retrait marque un tournant à 180 degrés par rapport aux commentaires faits ces dernières semaines par le PDG du Nasdaq Bob Greifeld, qui s’était montré confiant sur le fait que Nasdaq OMX et ICE passeraient l’examen des autorités de la concurrence avec une dose acceptable de remèdes”, ont noté les analystes de Jefferies dans une note.
“Surpris et déçu”, Bob Greifeld a indiqué lundi que rien n’avait pu convaincre les autorités américaines.
“Nous avons pris la décision de retirer notre offre lorsqu’il est devenu clair que nous ne réussirions pas à obtenir l’accord des autorités de régulation, en dépit des remèdes importants que nous proposions”, y compris la vente d’un organisme d’autorégulation (SRO), a-t-il indiqué dans un communiqué.
“Il y avait beaucoup d’autres choses à quoi s’intéressaient les régulateurs, outre la concentration des échanges”, a noté Michael Wong, analyste pour Morningstar.
La décision de Nasdaq OMX et ICE d’abandonner leur offre clôt le chapitre pour la responsable du service de la concurrence au ministère de la Justice américain, Christine Varney, selon qui “l’acquisition aurait supprimé des incitations à offrir des prix compétitifs, des services de haute qualité, et des innovations dans la cote, l’échange et les services de données”.
C’est un deuxième échec pour la Bourse électronique américaine, qui avait tenté, sans succès, de racheter la Bourse de Londres (le LSE, London Stock Exchange) en 2006 et 2007.
Pour Michael Wong, cela relance le jeu des fusions et acquisitions dans le secteur des plateformes d’échanges.
L’analyste estime que Nasdaq OMX pourrait désormais se lancer à la poursuite du Chicago Board Options Exchange (CBOE), plus grosse plateforme mondiale pour les options.
Pour d’autres, Nasdaq OMX sortait grand perdant, et pourrait devenir à son tour la proie.
“Le fait qu’ils ne peuvent réaliser une acquisition importante aux Etats-Unis ouvre vraiment la porte à ce que le Nasdaq soit emporté rapidement dans le mouvement de consolidation au sein des plateformes boursières”, a estimé Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital Markets, soulignant que l’action de la Bourse électronique s’échangeait à des prix plus attractifs que ses concurrents.
“L’offre était très agressive, mais il faut se souvenir qu’ils avaient longtemps hésité” à se lancer, a rappelé l’analyste. “L’attaque à leurs yeux était la meilleure défense”.
Les conseils d’administration des deux groupes avaient donné leur accord début mai pour lancer l’offre destinée à acquérir l’ensemble des actions NYSE Euronext pour un montant d’environ 11 milliards de dollars.
Ils avaient annoncé le 1er avril une offre supérieure, un mois et demi après l’accord entre NYSE Euronext et Deutsche Börse. Depuis cette date, l’action de l’opérateur avait bondi de plus de 16%. Elle lâchait 10,79% à 36,48 dollars lundi vers 16H20 GMT à la Bourse de New York. A Francfort, Deutsche Börse, qui n’aura pas à mener bataille, a clôturé en hausse de 3,77% à 56,40 euros.
Le titre Nasdaq OMX perdait 0,22% à 26,85 dollars tandis que celui de ICE montait de 5,41% à 124,72 dollars.
Les deux groupes proposaient un démantèlement de leur cible, le premier récupérant les activités de cotation et échanges d’actions (Bourses de New York, mais aussi Stockholm, Copenhague, Reykjavik, Helsinki…) et le deuxième les activités de produits dérivés.