La direction du FMI discutée en pleine crise de la zone euro

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à Shanghai (Photo : Philippe Lopez)

[16/05/2011 18:39:07] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) va devoir renouveler sa direction avec le départ probable de son numéro un, Dominique Strauss-Kahn, et programmé de son numéro deux, John Lipsky, au moment où il gère une délicate crise en zone euro.

Le directeur général français étant poursuivi pour tentative de viol, les besoins de sa défense pourraient l’obliger à se retirer assez vite d’une fonction qui, assurait-il avant l’affaire, lui prenait 100% de son temps.

C’est le choix qu’il avait fait en tant que ministre des Finances en 1999, quand il était poursuivi en France pour faux et usage de faux dans l’affaire de la mutuelle étudiante MNEF. Il clamait également son innocence et avait été blanchi au bout de deux ans.

Les grandes manoeuvres autour de sa succession n’ont pas attendu: la chancelière allemande Angela Merkel défendait dès lundi une candidature européenne pour lui succéder.

“Nous savons qu’à moyen terme, les pays émergents peuvent prétendre aux postes de la direction du FMI et de la Banque mondiale (…) Mais, dans cette phase, il y a de bonnes raisons pour dire que l’Europe a de bons candidats”, a-t-elle dit.

Le poste est détenu par le Vieux Continent depuis 1946. Les Français l’ont occupé pendant 34 ans au total, soit plus de la moitié du temps. Quand M. Strauss-Kahn avait été présenté comme candidat en 2007, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, l’avait présenté comme le dernier directeur général qu’imposerait l’Europe avant de passer la main.

Mais le monde a beaucoup changé depuis. Alors qu’il était inimaginable à l’époque que le FMI doive intervenir en Europe de l’Ouest, il est à présent en première ligne pour financer trois pays de la zone euro incapables de le faire sur les marchés de la dette: la Grèce, l’Irlande et le Portugal.

Les spéculations allaient bon train lundi autour du nom qui pourrait émerger chez les Européens. Celui de la ministre française de l’Economie Christine Lagarde est déjà évoqué par les médias depuis quelques semaines.

Cette dernière, réunie avec ses collègues à Bruxelles, n’en a pas touché mot. “Nous avons des problèmes sérieux à évoquer concernant notamment le plan de soutien au Portugal, le financement de la Grèce, c’est ce que nous allons examiner cet après-midi”, a-t-elle déclaré.

La division semble régner entre les différents pays asiatiques qui visent le poste, l’Inde et la Chine en tête. Aucun candidat asiatique n’apparaît en effet avoir reçu le soutien d’un pays asiatique autre que le sien.

Le 6 mai, un article du quotidien singapourien Business Times, écrit depuis Hanoi après une réunion de la Banque asiatique de développement, citait plusieurs hommes politiques de la région qui se disaient convaincus des compétences de Mme Lagarde.

L’hypothèse a été accréditée lundi par l’économiste Nouriel Roubini.

Il énumérait lundi sur le site internet Twitter des noms glanés lors de ses voyages: le directeur général américano-égyptien du fonds d’investissement Pimco, Mohamed El-Erian, l’ancien administrateur turc du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) Kemal Dervis, le gouverneur de la banque centrale mexicaine, Agustin Carstens, son homologue israélien, Stanley Fischer, l’ancien ministre des Finances sud-africain Trevor Manuel, ou encore le directeur adjoint du Commissariat au Plan indien, Montek Singh Ahluwalia.

“Mais la realpolitik des Etats-Unis et de l’Europe pourrait aboutir à choisir l’intelligente [Christine] Lagarde”, écrit-il.

La succession au numéro deux du FMI, John Lipsky, qui ne souhaite pas aller au-delà de la fin de son mandat en août, devrait être une affaire moins mondialisée.

Le poste est réservé depuis 1946 à un Américain, qui est choisi par Washington sans consultation avec les autres Etats membres.