L’Italien Mario Draghi désigné pour prendre la présidence de la BCE

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à Bruxelles le 2 mai 2011 (Photo : Georges Gobet)

[17/05/2011 06:14:42] BRUXELLES (AFP) L’Italien Mario Draghi a franchi lundi soir une étape décisive en vue de succéder à Jean-Claude Trichet au poste stratégique de président de la Banque centrale européenne en novembre, en obtenant le soutien unanime des ministres des Finances de la zone euro.

Réunis à Bruxelles, les ministres des Finances de la zone euro ont désigné “à l’unanimité Mario Draghi comme successeur de Jean-Claude Trichet”, a déclaré leur chef de file, Jean-Claude Juncker, lors d’une conférence de presse.

“Mario Draghi sera le nouveau président de la BCE, il jouit d’une réputation internationale et européenne excellente, il a su prouver qu’il est fortement attaché à l’euro à l’Union économique monétaire, à l’UE et sa construction et son intégration toujours en marche”, a encore commenté M. Juncker.

Sa nomination formelle, en pleine crise de la dette en zone euro, devra toutefois encore attendre un prochain sommet fin juin des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, seuls habilités à le faire.

M. Trichet, dont le mandat s’achève fin octobre, sera resté huit ans à la tête de l’institut monétaire de Francfort.

Grand favori de la course depuis plusieurs semaines, le gouverneur de la Banque d’Italie a tenu lundi à couper court aux rumeurs le voyant au dernier moment écarté pour être envoyé à la place à la direction générale du Fonds monétaire international, à la suite des déboires judiciaires aux Etats-Unis de Dominique Strauss-Kahn.

“Mario Draghi n’est pas du tout intéressé par le poste au FMI”, a déclaré à l’AFP une porte-parole de la Banque d’Italie.

L’inculpation de “DSK” a en effet relancé plus tôt que prévu le débat sur sa succession à Washington. Or, la chancelière allemande Angela Merkel avait à l’origine, à en croire la presse de son pays, milité pour que Mario Draghi remplace le Français au FMI plutôt que Jean-Claude Trichet à la BCE.

Elle aurait eu des appréhensions à l’idée de nommer en pleine crise de la zone euro le représentant d’un pays très endetté, l’Italie, à la tête de l’institution chargée de veiller à la stabilité de la monnaie unique.

“Nous ne voyons aucun autre candidat émerger”, a rétorqué lundi le ministre irlandais des Finances, Michael Noonan.

Mme Merkel s’est résignée la semaine dernière seulement à l’appuyer sans enthousiasme après avoir vu son candidat allemand, le patron de la Bundesbank Axel Weber, jeter l’éponge.

Si elle se confirme, la nomination de Mario Draghi posera par ricochet d’autres problèmes de nominations au sein du directoire de la BCE, son instance exécutive permanente de six personnes.

Avec son arrivée, l’Italie disposerait de deux représentants au sein du directoire puisqu’elle y compte déjà Lorenzo Bini Smaghi. Cela ferait trop pour de nombreux pays, à commencer par la France.

En novembre, il n’y aura en effet plus de Français au sein de l’instance lorsque Jean-Claude Trichet partira. Paris souhaiterait donc que M. Smaghi se retire pour lui laisser un siège libre.

Mais Lorenzo Bini Smaghi a laissé entendre lundi qu’il comptait rester à la BCE jusqu’en 2013, terme de son mandat. “J’ai un travail jusqu’en 2013, mes projets sont ici”, a-t-il dit.

Pour convaincre l’Italien de faire place nette – il ne peut être contraint à rien car il jouit d’une indépendance garantie par les statuts -, il faudrait lui trouver un poste de remplacement à la hauteur. Celui de gouverneur de la Banque d’Italie a été évoqué dans la presse, mais rien ne garantit pour le moment qu’il sera choisi par Rome.