Les spéculations sur l’avenir de la Bourse de Londres relancées

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La Bourse de Londres (Photo : Shaun Curry)

[17/05/2011 13:18:08] LONDRES (AFP) En quelques jours, les cartes ont été rebattues dans la course à la concentration du secteur boursier mondial, relançant de plus belle les spéculations sur l’avenir de la Bourse de Londres, une des pièces maîtresses de cet échiquier, qui pourrait bien redevenir une proie.

En dévoilant début février un projet de fusion ambitieux avec la Bourse de Toronto (groupe TMX), le groupe boursier britannique London Stock Exchange (LSE), gestionnaire des places de Londres et de Milan, pensait avoir pris l’initiative dans le nouveau cycle de fusions-acquisitions qui agite le secteur boursier, et rester maître de son destin face aux appétits de ses concurrents.

Ce projet de rapprochement, qui revient dans les faits à une acquisition de TMX par le LSE, et qui est censé être bouclé cet automne, doit donner naissance à un nouveau groupe transatlantique capable de mieux rivaliser face à ses concurrents (Nyse Euronext, Deutsche Börse, Bourses alternatives), et régnant sur les introductions en Bourse d’entreprises minières, grande spécialité des deux groupes.

Mais ces derniers jours, une série de rebondissements ont menacé de faire voler en éclats ce bel édifice.

Samedi, TMX a annoncé avoir reçu une contre-offre émanant d’un consortium de banques et de fonds de pension canadiens, qui prétendent créer un champion national.

Ils ont proposé de racheter TMX pour 3,6 milliards de dollars canadiens (environ 2,6 milliards d’euros), 20% de plus que ce que proposait le LSE, de quoi semer le doute sur les chances de succès du projet lancé par ce dernier. Le LSE risque donc de devoir renchérir s’il veut convaincre les actionnaires de TMX d’accepter son offre.

De plus, les accents patriotiques de cette contre-offre pourraient trouver un écho favorable auprès du gouvernement canadien, qui a le pouvoir de bloquer le rachat de TMX par le LSE.

Ce ne serait pas une première : l’an dernier, Ottawa avait fait sensation en s’opposant au rachat du géant canadien de la potasse, Potash Corp, par le groupe minier australo-britannique BHP Billiton. Et certains responsables politiques canadiens voient d’un mauvais oeil la perspective que Dubaï, premier actionnaire du LSE, exerce un contrôle indirect sur TMX.

Pour mieux faire vibrer la fibre patriotique, le consortium 100% canadien a d’ailleurs pris pour nom le plus célèbre symbole du pays, l’érable, en se baptisant “Maple Group”.

Cette contre-offre a aussitôt relancé les spéculations sur l’avenir du LSE. Car, comme dans un jeu de chaises musicales, un échec de sa fusion avec TMX laisserait la Bourse de Londres à nouveau isolée, et à la merci d’un prédateur.

Ces spéculations ont été attisées par le retrait lundi du marché électronique américain Nasdaq de la course au rachat du groupe transatlantique Nyse Euronext, propriétaire des Bourses de Paris et New York.

Ce retrait laisse la voie libre à l’Allemand Deutsche Börse pour s’emparer de Nyse Euronext, et, par contrecoup, pourrait pousser le Nasdaq à se mettre en quête d’une nouvelle cible, pour ne pas se retrouver écrasé par le futur axe Francfort/Paris/New York.

La Bourse de Londres ferait alors figure de proie attractive pour le Nasdaq, qui a déjà tenté sans succès de s’en emparer en 2005-2007.

“L’annonce du retrait de l’offre du Nasdaq sur Nyse Euronext et la contre-offre sur TMX font du LSE une cible crédible”, a estimé dans une note Arnaud Giblat, analyste chez UBS.

Une hypothèse dans laquelle les investisseurs se sont aussitôt engouffrés : l’action du LSE s’est envolée lundi de près de 7%, alors qu’elle avait gagné 3% seulement à l’annonce du rachat de TMX.