égion australienne de Pilbara, le 2 juillet 2010 (Photo : Amy Coopes) |
[17/05/2011 15:39:12] PARIS (AFP) Toujours dopés par la Chine, les prix des matières premières ont poursuivi leur envolée en 2010, une ascension parfois irrationnelle qui pourrait laisser présager une correction en 2011, selon les experts du rapport Cyclope, la “bible” des marchés mondiaux.
“Jamais les prix n’ont été aussi élevés. On assiste à un véritable choc, le plus important depuis les années 70”, avertit Philippe Chalmin, professeur d’histoire économique à Paris-Dauphine et coordinateur de ce rapport publié mardi.
Cette “malédiction des matières premières” est, estime-t-il, à l’origine des révolutions qui touchent le monde arabe depuis le début de l’année.
Si les prix ont augmenté de 30% dans leur ensemble, selon l’indice Cyclope, les hausses les plus fortes ont été enregistrées pour le caoutchouc (+89%), le coton (+65%), le minerai de fer (+62%), l’étain (+50%) ou le nickel (+49%).
Le cuivre, que la Chine consomme à grande échelle, vient pour sa part d’atteindre un record à 10.000 dollars la tonne (+46%).
Les céréales ont aussi progressé en 2010, le maïs prenant 15% et le blé en Europe 26%. Seul le prix du riz a reculé de 10% grâce à une hausse de la production. “Il n’y a pas de risque de pénurie mais indéniablement une augmentation de la demande mondiale et une faiblesse des stocks. Tout cela n’est pas très sain”, commente François Luguenot, l’un des rédacteurs du rapport spécialiste des matières agricoles.
à blé en Argentine, dans la province de Cordoba, le 20 janvier 2011 (Photo : Diego Lima) |
Quant au café, son cours a grimpé de 27%. Les principaux pays producteurs latino-américains comme le Brésil, la Colombie ou le Mexique ont connu de mauvaises conditions météorologiques qui ont fait craindre une baisse des récoltes.
Enfin, dans le secteur de l’énergie, si le pétrole a fait preuve de stabilité autour des 80 dollars le baril avec de légères tensions sur les derniers mois de 2010, le marché du charbon a connu une fin d’année tendue en raison notamment des inondations qui ont affecté le Queensland (Australie), premier exportateur mondial de charbon à coke.
Ces prix vertigineux constatés sur la quasi-totalité des matières premières pourraient toutefois avoir atteint un sommet, selon ces experts.
“Sur un certain nombre de marchés comme le coton ou les métaux nous faisons face à des prix irrationnels par rapport à la demande”, souligne M. Chalmin qui estime qu’une correction devrait s’opérer en 2011.
La Chine, premier importateur mondial du soja aux minerais de fer, pourrait aussi être tentée afin de contenir l’inflation galopante ou la flambée de l’immobilier de ralentir sa croissance et d’être de ce fait moins gourmande, ce qui offrirait une détente sur les cours.
étrole en dehors de Los Angeles, en Californie, le 2 février 2011 (Photo : Mark Ralston) |
Enfin, le dollar reprend de la vigueur face à la monnaie européenne pénalisée par les dettes très importantes de certains pays de la zone euro aux premiers rangs desquels la Grèce ou le Portugal. “Un dollar plus fort fera logiquement baisser les prix”, remarque M. Chalmin.
Mais la grande inconnue reste la spéculation.
Les fonds placés par “des investisseurs institutionnels soucieux de diversifier leur portefeuille ont atteint plus de 300 milliards de dollars en 2010”, note le rapport.
Et d’ajouter que l’encadrement de certains marchés laisse encore “fort à désirer”.
La régulation des prix des matières premières et leur volatilité sont d’ailleurs, avec la réforme du système monétaire international, l’un des principaux chantiers de la présidence française du G20.