Ayant entamé une réforme du FMI, le patron du FMI a-t-il porté atteinte au business des marchés? DSK, victime d’une revanche de la finance internationale? Wait and see!
DSK est un homme à réputation sulfureuse. Toutefois, On raconte qu’il est plus harcelé que harceleur. Qu’importe, il a glissé sur une pente savonneuse et se retrouve au centre d’un «Pretty Gate». DSK serait-il victime d’une machination? C’est de notre point de vue le mauvais angle de tir pour attaquer le problème. On diviserait le lectorat en clan «pour» et celui «contre». Dressant les uns contre les autres, on s’égarerait de la simple volonté d’introspection à l’effet d’y voir clair et non de résoudre l’énigme, que la justice américaine saura démêler.
Les menottes au point: La volonté-délibérée?- d’humiliation
En matière judiciaire, il faut s’interdire de toute spéculation. L’enquête fera la lumière sur l’affaire et élucidera les droits du présumé et de la victime. Mais la justice américaine semble servie par des gens trop zélés. Les agents qui ont mis les menottes à DSK savaient-ils ce qu’ils faisaient? Ils humiliaient le patron du FMI. Et cette institution, bafouée, est tout de même le portemonnaie des pays démunis. Cette scène est en soi un outrage à une partie de l’humanité. Ce cliché nous rappelle d’autres qui ont marqué les consciences. Elle nous renvoie à la disgrâce de Jugurtha «balladé» par les légions romaines devant son peuple dans une posture dégradante.
Plus proche de nous, elle nous rappelle les images des prisonniers de Abou Grhraieb où l’on voyait les soldats de Saddam obligés de prendre des postures de chiens. L’Armée d’occupation et la police utilisent les mêmes pratiques. Et même si DSK est encore sous la présomption d’innocence, ce cliché vaut verdict.
La main invisible des marchés?
On ne reviendra pas sur l’hypothèse de la machination. La justice dira son mot. Mais toujours est-il que l’image de DSK menotté est un verdict en soi. Pourra-t-il se refaire une honorabilité s’il était acquitté? On pencherait pour le chant du cygne. C’en est, plutôt, fini de DSK. Il ne peut se réapproprier son crédit personnel car un a priori pèsera toujours sur sa personne et son intégrité.
Quoiqu’il en soit, le patron du FMI justifie d’un bilan, pour le moins, excédentaire. Il a entamé une profonde réforme du FMI, en échos d’ailleurs à un autre grand économiste justicier, à savoir Joseph Stiglietz et aux voix des pays émergents. Pour lutter contre la crise, DSK a abandonné le dogme de l’autarcie budgétaire. C’est lui qui a fermé les yeux sur le creusement du déficit public quand il est dicté par la nécessité de sauvegarde de l’économie. Et il a défendu la rationalité de ce choix en agréant les plans de relance destinés à juguler la crise financière des «subprimes».
C’est encore lui qui a doublé les ressources du FMI pour mettre à la disposition des pays émergents plus de ressources leur offrant l’occasion de s’extraire à la prédation sans fin des marchés financiers.
C’est lui qui a fait corps avec l’UE pour sauver la Grèce, empêchant par la même l’euro d’imploser, comme semblaient le souhaiter les marchés.
C’est également lui qui semblait encourager, discrètement, mais résolument l’idée de créer une agence européenne gouvernementale de rating, arme de guerre jusque-là entre les mains exclusives des marchés.
C’est encore lui qui semblait agréer le projet de création d’un marché euro obligataire qui aurait limité le champ d’intérêt de la finance internationale.
L’homme, qui était pour la moralisation du capitalisme, ne peut être mieux souillé que par une sombre affaire de meurs. Le mystère ne serait que trop clair, Marcel Proust dixit. Bien entendu, on ne participera pas à troubler la justice. Que la lumière soit faite.