D’après le deuxième sondage de GMS, les Tunisiens sont loin d’être
majoritairement favorables sur la parité entre hommes et femmes récemment
décidée par le Conseil de la Haute instance pour
la réalisation des objectifs de
la révolution, la réforme politique et la transition démocratique. Mais pas
parce qu’ils seraient machistes.
C’est probablement l’une des conclusions les plus importantes du deuxième
sondage politique de Global Management Services (GMS): les Tunisiens sont loin
d’être unanimes sur la parité entre hommes et femmes récemment décidée par le
Conseil de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution,
la réforme politique et la transition démocratique.
Au sein de l’opinion publique apparaissent deux blocs presque d’égale
importance, l’un favorable à cette mesure (45,2%) et l’autre opposé (41,1%),
alors que le reste (13,7%) n’a pas d’opinion sur la question.
Après avoir envisagé, dans un premier temps, d’accorder à la femme 25% du nombre
de sièges, le Conseil de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de
la révolution, la réforme politique et la transition démocratique a finalement
adopté le principe de la parité.
Même les femmes (55,4% pour et 32,9% contre) ne sont pas sur la même longueur
d’onde sur cette question; alors que les hommes (48,4%) comptent plus
d’opposants que la moyenne nationale. Aucune tranche d’âge n’est majoritairement
acquise à cette décision.
Les plus âgés (60 ans et plus) sont les plus divisés, avec trois groupes assez
équilibrés (38,6% pour, 31,9% contre et 29,5% indécis). Les indécis sont les
moins nombreux (8,8%) chez l’une des tranches d’âges les plus jeunes (25-34
ans). Dans les autres, partisans et adversaires ont un poids sensiblement proche
–allant de 40,1 à 47,7%.
Les Tunisiens favorables à la parité sont les plus nombreux dans le Grand Tunis
(47,3%), le Centre Est (46,4%), et le Centre Ouest (46%), et légèrement moins
dans le Nord Ouest (44,8%), le Sud (43,5%), et, surtout, le Nord Est (39%).
Les adversaires de ce principe se trouvent quant à eux notamment dans le
Nord-est (48%), le Centre-est (44,5%), et le Sud (44,2%). Alors que le
Centre-ouest (21%), le Nord-ouest (14,4%), le Nord-est et le Grand Tunis (13%)
ne pas savoir quoi en penser.
Professionnellement, les franges les plus éduquées de la population ne sont pas,
aussi bizarre que cela puisse paraître, les plus favorables à l’adoption du
principe de parité entre hommes et femmes en politique. A part les retraités
majoritairement acquis à cette décision (53,2%), ce sont les cadres moyens
(49,6%) qui la soutiennent le plus, suivis des employés-ouvriers (47,6%),
étudiants-élèves (46,7%), cadres supérieurs (43,1%) et des professions libérales
(41%) qui ferment la marche.
Quatre raisons sont avancées par la frange de l’opinion opposée au principe de
parité pour justifier sa position: «la parité n’est pas une garantie d’accès
équitable des femmes à la Constituante», la peur que «la femme soit utilisée
juste pour compléter les listes», les difficultés que vont rencontrer certains
partis politiques pour «respecter cette parité au risque d’être éliminés» et le
souhait que «cette parité soit garantie au niveau de la composition de
l’Assemblée constituante».
Donc, Dieu merci, les Tunisiens ne sont pas machistes –du moins en apparence.