Twitter et ses “gazouillis” s’imposent dans les salles de rédaction

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à New York. (Photo : Timothy A. Clary)

[20/05/2011 12:28:39] PARIS (AFP) L’affaire DSK a conforté Twitter et ses “gazouillis” (tweets) comme outil majeur de couverture journalistique en temps réel, une légitimation pour ce réseau social cinq ans après sa création.

Les médias, en particulier les chaînes d’information en continu, se sont largement servis de la puissance de Twitter pour rendre compte des rendez-vous judiciaires de l’ancien patron du FMI, faute d’images en direct.

Créé en 2006 aux Etats-Unis, comme un canal d’échanges en temps réel sur internet, Twitter, qui a actuellement plus de 200 millions d’utilisateurs dans le monde, a fait irruption dans le champ médiatique lors de la campagne de Barack Obama, et, surtout, en 2008, avec les attentats de Bombay, en Inde.

“Via des messages de 140 caractères maximum, chaque micro détail des opérations a été distillé en ligne, par des internautes installés non loin des hôtels assiégés”, rappelle Alice Antheaume, responsable de la prospective et du développement international de l’école de journalisme de Sciences Po.

“Aucune rédaction ne peut concurrencer les millions de témoins qui sont en mesure de collecter, diffuser et surtout ont envie de partager des infos à des millions d’autres”, relève Eric Scherer, directeur de la prospective et de la stratégie numérique à France Télévisions, qui vient de publier “A-t-on encore besoin des journalistes?”.

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Le site Twitter (Photo : Loic Venance)

Ce phénomène est l’un des aspects de la révolution numérique qui bouleverse les rédactions, à la fois dans leur manière de travailler mais aussi dans leur traitement de l’information, avec la multiplication des directs sur les sites internet.

Pour Jean-Marie Charon, sociologue des médias, le journaliste doit de plus en plus se confronter, dans sa pratique professionnelle, aux ressources venues d’un terrain virtuel, avec les réseaux sociaux ou les blogs.

“Les ressources de Twitter viennent renforcer et conforter cette évolution”, juge-t-il.

“C’est un nouvel outil dans la palette des journalistes pour s’informer et informer”, constate Eric Lagneau, journaliste à l’AFP et auteur d’une thèse de doctorat sur la sociologie des médias.

Lors de deux événements récents, la mort de Ben Laden et l’interpellation de DSK, les premières informations, partielles, ont émergé sur Twitter via des comptes qui n’appartiennent pas à des professionnels des médias.

Le réseau de micro-blogging apparaît comme indispensable pour son rôle d’alerte. Mais si Twitter prend tout le monde de vitesse, les médias traditionnels, avec leurs filtres nécessaires, ont encore leur raison d’être.

“Les anciens médias gardent leur pertinence et leurs atouts. On ne peut pas mesurer l’excellence journalistique à la seule aune de la vitesse de diffusion d’une information”, souligne Eric Lagneau.

L’ivresse du temps réel comporte des risques, avec la circulation de rumeurs et les tentatives de désinformation.

“Twitter conduit à une exigence de rapidité, c’est là où je vois un premier danger: vouloir à la fois de l’information de qualité mais de manière très rapide. C’est une demande qui semble aberrante, on sait très bien qu’une information de qualité doit être recoupée, qu’elle demande du temps”, dit Virginie Spies, analyste des médias et blogueuse (http://semiologie-television.com/).

“Twitter n’est pas un média d’infos certifiées comme lemonde.fr ou l’AFP”, souligne Alice Antheaume.

“C’est un média d’alerte, sur lequel arrivent chaque seconde des messages, vrais ou faux. Certains de ces messages deviendront des informations, reprises sur les médias traditionnels, et d’autres resteront à l’état de matière non certifiée ou non pertinente, sans publication ultérieure sur les médias”, poursuit-elle.