Une cellule de communication au sein du Premier ministère pour faciliter l’accès
des médias aux sources d’information et barrer la route aux rumeurs et autres
mauvaises interprétations dont les conséquences peuvent être désastreuses sur le
pays dans cette conjoncture difficile.
Le premier point de presse a eu lieu vendredi 20 mai au PM, lequel annonce une
série de rendez-vous réguliers avec la presse nationale. Dans sa présentation de
cette nouvelle tradition instaurée par le Premier ministère, Moez Sinaoui,
chargé de la communication, a tenu à préciser que la langue de bois sera bannie des discours
officiels des représentants du gouvernement: «… et s’il y a une information que
nous ne savons pas, nous le dirons en toute franchise et sans aucun complexe
comme cela se passe dans beaucoup de pays avancés».
Ce sont des journalistes accrédités désignés par leurs rédactions qui auront
désormais la charge de relayer l’information des instances officielles au grand
public. «Notre objectif est d’établir avec les représentants de la presse des
liens basés sur la confiance et la sincérité loin de toute ambiguïté et en toute
transparence», a assuré M. Sinaoui avant de laisser place aux représentants des
différents ministères.
Des lenteurs pour garantir des procès équitables
Kadhem Zine El Abidine, porte-parole officiel du ministère de la Justice, a
assuré qu’il n’y a aucune lenteur ou atermoiement concernant le jugement et la
condamnation de tous ceux qui ont commis des crimes contre le peuple et le pays.
Le fait est que suite aux incidents qui ont eu lieu après la révolution ayant
entraîné l’incendie de nombre de postes de police et de la garde nationale,
ainsi que la destruction des documents, l’avancement des investigations
concernant les affaires en rapport avec le président déchu, sa famille et ses
alliés, a été contrarié. La création de 4 nouveaux bureaux d’instruction vise à
renforcer ceux déjà existants et accélérer le passage en jugement des affaires
en cours.
Ceci dit, il faut que toutes les conditions soient réunies pour que les procès
soient équitables. La justice militaire, qui a été saisie de l’affaire de
l’ancien président, de son ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem et
d’autres hauts responsables de l’ancien régime dont général Ali Sériati, assure
par la bouche du général Marouen Bouguerra, représentant de la Justice
militaire, que les procès se dérouleront aussi rapidement que possible. Il a
précisé que le juge militaire d’instruction déploiera tous les moyens à sa
disposition pour déterminer les responsabilités concernant les personnes
abattues depuis le déclenchement des premières manifestations en Tunisie.
Pour ce qui s’est passé dans la région de Rouhia, il a indiqué que le dossier a
été soumis au juge d’instruction militaire d’El Kef.
Kadhem Zine El Abidine a précisé, pour sa part, que 80 dossiers et se rapportant
à des spoliations de biens publics ou privés et des affaires de corruption, ont
été soumis à la justice par la Commission sur la corruption et les malversations
économiques. Le ministère de la Justice a aujourd’hui pris le relais pour
accélérer le processus des jugements.
D’autre part, 400 agents seront recrutés pour renforcer les effectifs des
garde-pénitentiaires et éviter définitivement qu’il y ait des évasions des
prisonniers. Un nouveau plan sécuritaire auquel prennent part toutes les
composantes des ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense
nationale pour éviter que de tels incidents ne se répètent.
Le colonel Mohamed Hichem El Meddeb, porte-parole du ministère de l’Intérieur, a
donné des précisions sur ce qui s’est passé à Rouhia, soulignant qu’il s’agit de
6 terroristes dont 3 Tunisiens et 3 étrangers dont deux Libyens dénoncés par la
population.
Grâce aux renseignements requis par les services de la Garde nationale et de la
police, on a pu identifier l’endroit où ils avaient caché des armes. Suite à
leur poursuite, deux parmi eux ont été touchés. Aujourd’hui, tous les services
de sécurité de la police, de la Garde nationale et de la défense nationale
assurent des barrages mobiles et fixes pour éviter tout débordement du côté des
frontières.
Sur un tout autre volet, le colonel Meddeb a voulu rassurer les parents quant à
la sécurité des centres d’examens qui seront très bien gardés et auxquels on a
assuré toutes les conditions de sûreté.
Pour terminer, le ministère de l’Intérieur a indiqué que l’affaire Oussama
Achouri, qui avait accusé un agent de police de l’avoir violé, a refusé d’être
examiné par un médecin légiste pour permettre aux investigateurs de s’assurer de
la véracité de ses accusations, ce qui fait peser un doute certain sur ce
prétendu viol. D’autant plus que les jeunes gens qui avaient été arrêtés avec
lui et amenés au poste de police de Bab Bhar, assurent pour leur part n’être au
courant de rien, ce qui porte à croire que l’affaire aurait été montée de toutes
pièces.
Concernant la violation du territoire tunisien par les Kataib El Kaddafi, Tarek
Amri, représentant du ministère des Affaires étrangères, a déclaré que le
secrétaire général des Nations unies a été saisi de l’affaire et que c’est à
cette instance internationale de statuer sur la plainte tunisienne.
Le point de presse organisé par le Premier ministère est une première dans sa
forme et son contenu en Tunisie.