à Kaboul le 12 mai 2011 (Photo : Shah Marai) |
[22/05/2011 09:50:55] NAIROBI (AFP) L’Inde va mettre à profit un deuxième sommet avec l’Afrique, la semaine prochaine à Addis Abeba, pour renforcer son implantation économique sur ce continent riche en matières premières et en potentialités commerciales, et tenter de faire pièce à l’impressionnante percée chinoise.
Le Premier ministre indien Manmohan Singh rencontrera une quinzaine de chefs d’Etat africains, mardi et mercredi au siège de l’Union Africaine, pour ce forum de suivi d’un premier sommet, tenu en avril 2008 à Delhi.
L’Inde avait alors promis un doublement de ses prêts consentis à l’Afrique — jusqu’à 5,4 milliards de dollars, soit 3,8 mds euros sur cinq ans — et avait levé ses barrières douanières pour nombre d’exportations africaines, notamment des matières premières.
“L’Afrique constitue un énorme marché pour les entrepreneurs indiens”, estime Pritam Banerjee, responsable pour le commerce et la politique internationale au sein de la Confédération de l’industrie indienne.
“L’Inde va devenir un fournisseur de premier plan pour l’Afrique en matière d’ingénierie, d’industrie pharmaceutique, de produits chimiques, d’équipement agricole et dans bien d’autres domaines”, prédit cet expert.
“Chaque jour, les économies émergentes comme le Brésil, la Chine et l’Inde prennent une importance croissante dans le développement de l’Afrique”, relevait l’an dernier l’Africa Progress Report, un panel de personnalités mondiales sur l’Afrique présidé par l’ancien secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan.
Certes, la Chine a devancé l’Inde de plusieurs années dans sa percée africaine — le premier sommet sino-africain remonte à 2003 — et sa puissance économique est toute autre.
Les échanges commerciaux entre l’Inde et l’Afrique ont représenté 31 mds USD (21,7 mds euros) en 2009-2010, contre 126,9 mds USD (89 mds EUR) entre la Chine et ce continent l’an dernier.
Comme la Chine, l’Inde est à la recherche de pétrole et de matières premières pour alimenter sa croissance. Son premier partenaire commercial africain est le Nigeria, premier producteur de pétrole de l’Afrique sub-saharienne, devant l’Afrique du Sud.
Mais alors que la Chine concentre ses efforts sur les industries d’extraction minière et pétrolière et la construction d’infrastructures, l’Inde privilégie les investissements privés, avec 16,7 mds USD (11,7 mds EUR) entre 2008-2010.
Encore ce chiffre ne tient-il pas compte des 10,7 mds de dollars (7,5 mds EUR) déboursés en mars 2010 par le numéro un indien des télecoms, Bharti Airtel, pour le rachat des quinze filiales africaines du groupe koweitien de téléphonie Zain. “L’Afrique est la dernière frontière pour la téléphonie mobile”, avait alors affirmé Manoj Kohli, PDG des activités internationales de Airtel.
Airtel a été précédé depuis des années en Afrique par ses consoeurs indiennes Cipla et Ranbaxy (produits pharmaceutiques, et notamment génériques anti-rétroviraux contre le sida), Tata (ingénierie, produits chimiques, technologies de l’information etc) ou Karuturi (agriculture, produits alimentaires).
Dans le domaine militaire, l’Inde prend part depuis 2008 à la coalition maritime internationale qui tente d’endiguer la piraterie somalienne dans le golfe d’Aden et l’océan Indien.
Contrairement à la Chine, l’Inde peut s’appuyer en Afrique sur une présence ancienne, liée à une histoire partagée sous le colonisateur britannique, et à la solidarité née de la décolonisation et du mouvement des non-alignés dans les années 60 et 70.
Cette solidarité politique trouve des échos très actuels: l’Inde et l’Afrique du Sud sont tous deux candidats à un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, au nom de la nécessaire représentation des puissances économiques émergentes, un sujet qui devrait également être abordé à Addis Abeba.