Les autorités touristiques tunisiennes ne jurent, ces jours-ci, que par les
Algériens. Elles comptent beaucoup sur ce marché pour sauver, un tant soit peu,
la haute saison touristique fortement compromise, cette année, par quatre
facteurs concomitants: le climat d’insécurité généré par la révolution
tunisienne, les restrictions de voyages imposées aux touristes traditionnels
européens, les conséquences désastreuses de la guerre civile en Libye et
l’avènement du mois de Ramadhan, et son corollaire, la tendance des familles
musulmanes à le passer ensemble. Leur souhait est que nos voisins de l’ouest
soient plus nombreux que les années précédentes. Mais suffit-il de le souhaiter?
Zoom sur un marché.
En temps normal, ils sont environ un million d’Algériens à visiter chaque année
la Tunisie. Ces touristes d’un genre particulier se déplacent le plus souvent en
famille et par voie terrestre. Ils préfèrent les formules para-hôtelières et les
locations résidentielles. Globalement, il s’agit d’un marché diffus et peu
organisé.
Wahid Ibrahim, ancien directeur général de l’Office du tourisme tunisien (ONTT),
a réfléchi sur les moyens de fidéliser ce marché. Dans l’ensemble, il estime que
tout intérêt pour ce marché ne doit pas relever d’un quelconque opportunisme de
circonstance mais d’une stratégie cohérente devant toucher l’offre, la
commercialisation et la communication.
En ce qui concerne l’offre, il plaide pour un contrôle rigoureux de la qualité
de l’offre para-hôtelière et extra-hôtelière et pour une amélioration des
conditions d’accueil aux frontières. Il pense qu’«il n’existe aucune raison pour
que le confort des postes frontaliers terrestres soit moindre que celui des
postes aériens et maritimes».
Au chapitre de la commercialisation, Wahid Ibrahim recommande aux agences de
voyage et hôteliers tunisiens de créer des succursales dans les grandes villes
algériennes. L’objectif étant de jouer la proximité et de mieux faire connaître
leur offre.
Au rayon de la communication, l’auteur du livre «Le tourisme tunisien, jeux de
mots jeu de maux» propose d’orienter les dépenses promotionnelles vers
l’organisation de manifestations sportives (rencontre amicale de football entre
les équipes nationales à Alger avec retransmission télévisée dans les deux
pays), culturelles (grand festival de rap et de rai à retransmettre en duplex
sur les chaînes de télévision des deux pays) et médiatiques (organisation de
jeux télévisés grand public: remise de prix sous forme de séjours, concours de
SMS, organisation de caravanes communes…).
Selon M. Ibrahim, «tout cet investissement servira au moins à endiguer une
éventuelle baisse et à préparer l’avenir».
A bon entendeur.