OCDE : l’accumulation des risques peut encore freiner la reprise mondiale

photo_1306317863580-1-1.jpg
à Paris le 25 mai 2011 (Photo : Eric Piermont)

[25/05/2011 10:05:31] PARIS (AFP) La crise n’est pas terminée et la reprise risque d’être freinée si les menaces qui planent sur l’économie mondiale, comme une poursuite de la flambée du prix du pétrole ou un ralentissement plus marqué que prévu en Chine, devaient se conjuguer, a estimé mercredi l’OCDE.

“La reprise mondiale est bien engagée, mais reste entourée d?incertitudes” et la crise “n?est peut-être pas encore arrivée à son terme”, affirme l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son rapport sur les perspectives économiques.

“La crise n’est pas finie, elle a juste changé de peau”, a souligné son secrétaire général, Angel Gurria, en présentant ce rapport.

Globalement, l’OCDE confirme ses précédentes prévisions publiées en novembre, constatant que l’activité “devient plus autonome”, grâce à une demande privée qui prend le relais des mesures de soutien budgétaires et monétaires.

La reprise devrait donc toujours traverser un trou d’air cette année, avec une croissance mondiale de 4,2% (après +4,9% en 2010), mais est déjà “repartie” et devrait atteindre 4,6% l’an prochain.

Pour les pays riches membres de la zone OCDE, l’organisation table toujours sur une croissance de 2,3% en 2011 et 2,8% en 2012.

“La situation du marché du travail devrait continuer de s?améliorer lentement, même si, avec un taux de 7,1% fin 2012” dans la zone OCDE, “le chômage sera encore largement supérieur à son niveau d?avant la crise”, selon le rapport.

“Le chômage, y compris de longue durée, demeure clairement trop élevé”, estime Angel Gurria.

Les prévisions de croissance pour cette année sont néanmoins relevées pour les Etats-Unis et la zone euro, respectivement à 2,6% et 2%. En 2012, le produit intérieur brut (PIB) y progressera de 3,1% et 2%.

L’Allemagne reste, de loin, la locomotive européenne, tandis que la France se situe dans la moyenne de la zone euro. Quant aux pays en proie à la crise de la dette, la Grèce et le Portugal, ils peinent à s’extraire de la récession, qui devrait se prolonger en 2012 en ce qui concerne l’économie portugaise.

Le ciel continue de s’assombrir sur le Japon. L’OCDE avait déjà ramené, en avril, sa prévision de croissance pour cette année à 0,8%, contre 1,7% avant le séisme, le tsunami et la crise nucléaire. Désormais, l’organisation s’attend à une récession de 0,9% en 2011, suivie toutefois d’un rebond de 2,2% dès l’an prochain.

“La majorité des risques sont négatifs”, prévient le chef économiste de l’organisation Pier Carlo Padoan.

“L?accélération de l?inflation” en cas de “nouvelles hausses des cours du pétrole”, avec une éventuelle “surchauffe” dans les économies émergentes, un “ralentissement plus marqué” en Chine, “les problèmes budgétaires persistants aux États-Unis et au Japon, et la rechute possible des marchés de l?immobilier sont autant de risques à prendre en considération”, explique-t-il, évoquant aussi la crise de la zone euro.

Selon Angel Gurria, “c?est un moment délicat pour l?économie mondiale” car si ces “risques de détérioration se renforcent mutuellement, leur impact cumulé” pourrait “affaiblir sensiblement la reprise, voire déclencher une phase de stagflation dans certaines économies avancées”.

L’OCDE appelle donc les “décideurs” à “redoubler d?efforts”, notamment pour “empêcher” le chômage “de se pérenniser”. Elle demande aux Etats-Unis et au Japon de “proposer un plan crédible” pour réduire leur dette.

“Enfin et surtout, les déséquilibres se sont à nouveau creusés avec la reprise de l?économie mondiale”, met en garde le club des pays riches, tout en relevant que l’excédent de la balance courante chinoise est “très inférieur aux pics atteints avant la crise”.