à Madrid, le 24 mai 2011 (Photo : Jean-Philippe Ksiazek) |
[25/05/2011 13:35:03] MADRID (AFP) Quelques centaines au départ, les jeunes “indignés” espagnols ont été surpris de la puissance des réseaux sociaux pour développer leur mouvement. Ils sont aujourd’hui plusieurs centaines de milliers, et comptent bien sur internet pour continuer à diffuser leur colère.
Sous une des nombreuses bâches bleues du village alternatif monté depuis la semaine dernière sur la Puerta del Sol, Zulo, qui ne s’exprime que sous son pseudonyme, actualise la page Facebook de la “Spanish revolution”, surgie dans le sillage des récentes révolutions arabes.
Connectés à internet grâce à des antennes installées par des voisins ou des commerces pour relayer leurs réseaux wifi et à l’électricité grâce à des panneaux solaires, une dizaine d’ordinateurs portables sont alignés dans le stand “communication” du campement.
à Puerta del Sol à Madrid. (Photo : Pedro Armestre) |
Demande de matériel pour le campement, consignes en cas d’intervention de la police, relais des manifestations organisées dans les autres villes espagnoles ou d’Europe, les réseaux sociaux sont “un outil essentiel pour nous”, assure Zulo, un traducteur de 28 ans.
“Au départ, on a été sous le choc, on a été dépassés par l’ampleur de la mobilisation sur internet, on a reçu énormément de témoignages de soutien”, confie-t-il. Les premiers jours suivant la création de la page Facebook Spanish Revolution, la semaine dernière, “on a enregistré 1.000 fans supplémentaires par heure”, assure Zulo, longs dreadlocks rassemblés en queue de cheval.
Sur twitter, les mots clés #acampadasol (campementsol), #notenemosmedio (onnapaspeur), #nosquedamos (onreste) ou #spanishrevolution ont fait la course en tête des mots clés les plus repris en Espagne lors des premiers jours de la mobilisation.
Mercredi, le page Facebook Spanish Revolution comptait 146.000 fans, et sur Twitter, le compte @acampadasol enregistrait près de 50.000 abonnés.
Selon José Feliz Tezanos, sociologue à l’université UNED de Madrid, les réseaux sociaux ont fourni aux jeunes mécontents un “lieu de rencontre” qui n’existait pas auparavant.
“On est huit à dix à s’occuper d’actualiser les comptes sur les réseaux sociaux, avec nos ordinateurs ou smartphone”, explique Zulo, arborant un badge “réseaux sociaux” sur son tee-shirt vert.
“Même si on ne peut pas comparer notre situation à celle des pays arabes, comme pour eux, le rôle des réseaux sociaux a été fondamental,” souligne-t-il. “Mais tout cela reste virtuel, et nous demandons à ceux qui nous soutiennent sur internet de descendre dans la rue avec nous”.
à Madrid, le 25 mai 2011 (Photo : Dani Pozo) |
Ce mouvement exprimant le ras-le-bol de la jeunesse espagnole désenchantée, souvent précaire, sans réelles perspectives alors que le chômage touche près de la moitié des moins de 25 ans du pays, a vu le jour en plusieurs étapes sur les réseaux sociaux.
Le 7 avril, des milliers de jeunes avaient manifesté à Madrid sous le slogan “Jeunesse sans avenir”, répondant à un appel lancé sur Facebook. Le 15 mai, une nouvelle manifestation convoquée sur les réseaux sociaux et soutenue par la plateforme “Democraria Real Ya” (une vraie démocratie, maintenant), a de nouveau réuni des milliers de personnes.
Si la mobilisation continuait, elle commençait à s’essoufler mercredi. “Le rôle des réseaux sociaux est maintenant de nous permettre de continuer à diffuser nos propositions, pour que le mouvement continue à exister au-delà du campement de la Puerta del Sol”, selon l’un des porte-parole, Pablo Prieto.
“La communication est instantanée et plus directe que via les médias traditionnels”, assure-t-il.
Un nouveau compte twitter, @takethesquare (prends la place), vient d’être créé pour la diffusion internationale du message des “indignés” espagnols. Il comptait mercredi 2.700 abonnés.