FMI : Lagarde, officiellement candidate, table sur un “large consensus”

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à Paris (Photo : Bertrand Langlois)

[25/05/2011 14:57:25] PARIS (AFP) La ministre des Finances Christine Lagarde, présentée comme la favorite pour la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI, a officiellement annoncé sa candidature mercredi assurant vouloir recueillir un “large consensus”.

Elle s’est également dite déterminée à maintenir sa candidature en dépit des menaces judiciaires qui planent sur elle en raison du rôle qu’elle a joué dans une affaire controversée impliquant l’homme d’affaires et ancien ministre Bernard Tapie.

“J’ai décidé de présenter ma candidature à la direction générale du Fonds monétaire international”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Paris, à la veille de l’ouverture du sommet du G8 à Deauville.

“Cette décision, je l’ai prise après mûre réflexion et en accord avec le président de la République et le Premier ministre, qui me soutiennent totalement dans cette démarche”, a ajouté l’ancienne avocate d’affaires, assurant vouloir “recueillir le plus large consensus”.

Pour autant, Christine Lagarde, 55 ans, n’a pas voulu apparaître comme la candidate d’un camp, afin de ne pas déplaire aux pays émergents qui voient d’un mauvais oeil un Européen revendiquer une nouvelle fois la tête de la puissante institution financière internationale.

“Je ne suis ni la candidate de l’Eurogroupe, ni la candidate européenne, ni même la candidate française”, a insisté Christine Lagarde, précisant disposer de soutiens “bien au-delà de l’Europe”.

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érence de presse pour annoncer sa candidature à la tête du FMI, le 25 mai 2011 à Paris (Photo : Bertrand Langlois)

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, l’a toutefois immédiatement adoubée, tout comme Berlin. En revanche, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, s’est refusé à trancher entre les candidatures de Christine Lagarde et du Mexicain Agustin Cartens, les jugeant tous deux “très fiables”.

Depuis sa création au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le FMI a toujours été dirigé par un Européen, selon une règle tacite qui voit parallèlement les Etats-Unis présider la Banque mondiale.

Mais cette fois, une semaine après la démission de Dominique Strauss-Kahn, accusé à New York de tentative de viol et agression sexuelle, les pays émergents revendiquent également le poste, arguant de leur poids dans l’économie mondiale.

Le groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a publié mardi une déclaration en ce sens.

“Etre européen n’est pas un handicap, pas un atout, être française n’est pas un handicap, pas un atout”, a cependant plaidé Christine Lagarde.

La Française, qui devrait demeurer ministre jusqu’à la nomination du prochain patron du FMI attendue d’ici fin juin, a catégoriquement exclu de renoncer à sa candidature si la justice française ouvrait une enquête dans le cadre de ce qui est devenu “l’affaire Tapie”.

“Si l’enquête devait aller plus loin, je maintiendrais ma candidature (…) J’ai toujours agi dans l’intérêt de l’Etat et dans le respect absolu de la loi”, a-t-elle dit.

La justice pourrait se prononcer le 10 juin, jour de la clôture des candidatures au FMI, sur l’éventuelle ouverture d’une enquête pour “abus d’autorité” visant sa décision de recourir à un tribunal arbritral pour clore ce dossier. Il en avait coûté 385 millions d’euros versés par l’Etat à Bernard Tapie.

Désormais en campagne, Christine Lagarde va entamer un tour du monde pour défendre sa candidature en vantant le bilan des premiers mois de présidence française du G20. Elle entend aussi faire valoir sa “connaissance intime” des institutions européennes au moment où la zone euro traverse une crise sans précédent dans laquelle le FMI joue un rôle central.

Relevant que les trois derniers patrons du FMI n’avaient pas achevé leur mandat de cinq ans, elle s’est engagée à aller jusqu’au bout.

Outre l’Allemagne, plusieurs grands pays européens, lui ont apporté leur soutien sans même attendre sa candidature officielle, parmi lesquels le Royaume-Uni et l’Italie.

Sur son chemin, Christine Lagarde, très appréciée de ses pairs et qui parle un anglais parfait pour avoir longtemps travaillé à Chicago, devrait trouver plusieurs concurrents, parmi lesquels le Kazakh Grigori Martchenko, soutenu par la Russie et le candidat mexicain.

Le ministre belge des Finances Didier Reynders, qui avait envisagé de se lancer dans la course, s’est dit mercredi prêt à soutenir “l’excellente” candidature de son homologue française si elle faisait l’objet d’un consensus en Europe.