Au e-G8, une seule heure de débat sur internet et les révolutions arabes

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Le blogueur et activiste marocain Najib Chaouki surfe sur Facebook, le 11 janvier 2011 (Photo : Abdelhak Senna)

[25/05/2011 15:05:45] PARIS (AFP) Les organisateurs avaient invité une activiste égyptienne et un diplomate américain pour débattre d’internet comme outil de liberté, mais son rôle dans les révolutions arabes ou le sort des cyberdissidents a été la portion congrue du débat des patrons réunis à l’e-G8.

“En Tunisie comme en Egypte, de simples individus ont pu faire vaciller un pouvoir qui s’était totalement déconsidéré en constituant des barricades virtuelles et des rassemblements bien réels. Les peuples des pays arabes ont ainsi montré au monde qu’internet n’appartenait pas aux Etats”, avait souligné mardi le président Nicolas Sarkozy en inaugurant le G8 de l’internet.

“L’opinion internationale a ainsi pu constater qu’internet était devenu, pour la liberté d’expression, un vecteur d’une puissance inédite”, avait-il insisté.

Aucun débat sur ce sujet mardi, et mercredi, un atelier d’une heure s’est tenu sous l’intitulé “Liberté électronique – Les nouveaux outils”.

Il réunissait des représentants de Google et Twitter, et aussi de l’activiste égyptienne Nadine Wahab, le stratège “geek” de la diplomatie américaine Alec Ross, le secrétaire général de Reporters sans Frontières, Jean-François Juillard, et les journalistes Hassan Fattah (Emirats arabes unis) et Jamal Khashoggi (Arabie saoudite).

“Ici au e-G8, on sent bien que ces sujets ne sont pas prioritaires, comme par exemple le fait que personne n’ait parlé des cyberdissidents emprisonnés. On parle plus de croissance économique que de démocratie”, a déclaré à l’AFP Jean-François Juillard après les débats.

“Et encore, dans l’ébauche du programme de ce e-G8 il y a quelques mois, il n’y avait rien de prévu sur la liberté d’expression”, a-t-il dénoncé.

“Nous ne sommes pas seulement des consommateurs et vous (gouvernants, NDLR) avez une grande responsabilité, vos politiques nous concernent et affectent notre vie. Internet est un écosystème délicat et il n’a pas à être entre vos mains”, a lancé à l’adresse de la classe politique Nadine Wahab.

“Il faut un engagement global et fort concernant la liberté d’internet”, a estimé le conseiller spécial d’Hillary Clinton.

“L’accès à l’information n’est pas seulement un point de vue de Google mais un véritable droit humain, tout le monde a le droit à la liberté d’epxression, sans frontières”, a résumé Susan Pointer, directrice des relations publiques et institutionnelles de Google Europe.

“Avant même de parler régulation, échanges économiques ou copyright, on doit s’assurer qu’internet demeure un espace libre. Car sinon rien d’autre n’est possible. Soixante pays pratiquent la censure. Les gouvernants défendent la liberté en ligne mais dans beaucoup de pays on vote parallèlement des lois restrictives”, a déploré Jean-François Juillard.

Sur cette liberté d’expression, tous les intervenants – organisations non-gouvernementales, utilisateurs et entreprises – sont d’accord sur un point: tout comme l’accès à internet, elle doit devenir un droit, voire même figurer parmi les droits de l’Homme.

“Internet est un environnement très fragile, et la liberté d’expression devrait faire partie des droits de l’Homme”, a ainsi affirmé Tony Wang, représentant de Twittter en France.

“Nous sommes tous d’accord, il doit y avoir le moins de régulation possible sur les contenus. Et le G8 doit dire clairement si l’accès à internet est un droit fondamental ou pas”, a conclu Jean-François Julliard.

Les conclusions du eG8 doivent être transmises aux dirigeants de la planète réunis jeudi et vendredi à Deauville pour le G8.