L’Irlande refuse toujours d’augmenter son impôt sur les sociétés

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à Paris le 25 mai 2011 (Photo : Bertrand Langlois)

[25/05/2011 15:25:19] PARIS (AFP) L’Irlande refuse toujours d’augmenter son impôt sur les sociétés, en dépit des injonctions de ses partenaires européens, jugeant vital de conserver un taux attractif pour renouer avec la croissance, a déclaré mercredi à l’AFP le vice-Premier ministre irlandais, Eamon Gilmore.

“Je serai très clair là-dessus, l’Irlande n’a pas l’intention d’augmenter le taux de son impôt sur les sociétés et il y a plusieurs raisons à cela”, a déclaré M. Gilmore, qui est également ministre des Affaires étrangères, depuis le siège de l’AFP à Paris.

Plusieurs pays européens, dont la France, réclament de l’Irlande qu’elle augmente son taux d’imposition sur les sociétés, actuellement fixé à 12,5%, soit l’un des taux les plus bas d’Europe, en contrepartie d’un allégement des conditions de l’aide de 85 milliards d’euros que l’Union européenne et le FMI ont apportée en novembre.

Mais pour Dublin, il est totalement injustifié de mettre ainsi les deux choses en balance. La réduction du taux d’intérêt des prêts consentis à l’Irlande par ses partenaires a été acceptée par le Conseil européen, mais bloquée par certains Etats. “L’Irlande a besoin d’être aidée grâce à ce taux réduit déjà accepté par le Conseil européen”, qui rassemble les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, a affirmé M. Gilmore.

Le “Tanaiste” (vice-Premier ministre irlandais) n’a toutefois pas exclu la possibilité d’un compromis sur cette question, portant notamment sur l’assiette de cet impôt qui pourrait être élargie.

“Il est toujours possible de trouver une solution, les discussions continuent”, a-t-il souligné.

L’Irlande veut continuer à offrir à ses investisseurs potentiels toute la stabilité dont ils ont besoin en matière fiscale, il en va de sa croissance et de sa capacité à respecter les engagements qu’elle a pris en matière de réduction du déficit budgétaire, a-t-il encore expliqué.

“C’est de l’intérêt de l’Irlande, de l’intérêt de la zone euro et de l’Europe que l’Irlande réussisse. L’Europe a besoin de gagnants, de succès”, a affirmé le ministre. L’Irlande s’est engagée à ramener son déficit public à 3% d’ici 2015 contre 32% en 2010. Ce déficit a déjà été ramené aux alentours de 10% cette année, conformément aux engagements pris. L’île, entrée en récession après avoir traversé l’une des plus graves crises de son histoire, a renoué cette année avec la croissance, a rappelé le ministre. Et pour consolider cette croissance essentiellement basée sur les exportations, l’Irlande se doit de conserver son principal attrait, sa fiscalité, martèlent les autorités irlandaises.

Dublin souligne au passage que son taux, fixé pour tous à 12,5%, a le mérite de la transparence quand il est en vérité plus bas dans certains pays européens, dont la France. Officiellement, le taux d’imposition des grosses sociétés en France est de 33%, mais de nombreuses entreprises échappent au moins partiellement à cet impôt grâce à des niches fiscales.

Selon un récent rapport du Conseil des prélèvements obligatoires, organe rattaché à la Cour des comptes en France, les grandes entreprises ne seraient en fait taxées qu’à hauteur de 8% en moyenne, contre 22% pour les PME.

Interrogé sur l’impact d’une éventuelle restructuration de la dette grecque, évoquée par plusieurs responsables européens, sur l’économie irlandaise, M. Gilmore n’a pas voulu faire de commentaires, soulignant qu’il y avait “beaucoup de spéculation” sur ce sujet.

L’agence de notation Moody’s Investors Service a estimé cette semaine qu’une éventuelle restructuration de la dette grecque aurait nécessairement un impact négatif pour la note souveraine des pays européens les plus fragiles, dont l’Irlande.