Une navette Eurotunnel dans la tunnel sous la Manche (Photo : Denis Charlet) |
[26/05/2011 11:30:44] PARIS (AFP) Eurotunnel a annoncé jeudi un projet pour faire passer des câbles électriques à haute tension dans le tunnel sous la Manche afin d’augmenter les échanges d’électricité entre la France et le Royaume-Uni, et d’améliorer ainsi la gestion des approvisionnements des deux pays.
“Nous pensons que ce projet peut être intéressant par sa rapidité de mise en oeuvre”, a déclaré Jacques Gounon, PDG d’Eurotunnel, lors d’une conférence de presse. “Compte tenu des problématiques d’approvisionnement d’énergie en Europe, l’interconnexion est un sujet d’avenir”, a-t-il ajouté.
Soulignant qu’Eurotunnel faisait déjà passer des câbles de 25.000 volts dans le tunnel de service pour sa propre consommation, M. Gounon a souligné que cela avait “donné de l’appétit” à l’entreprise.
D’où la création d’une société commune –qui devrait prendre le nom du projet ElecLink– avec une société d’investissements spécialisée dans l’énergie, Star Capital. Eurotunnel en détiendra 49% et Star Capital 51%.
Le projet, qui doit obtenir le feu vert de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en France, de son homologue britannique Ofgem et de l’Union européenne, prévoit de tirer deux câbles électriques d’environ 75 km d’une capacité de 500 MW pour transporter du courant continu.
“Nous n’avons aucun doute que l’on obtiendra dans les 18 mois toutes les autorisations nécessaires, y compris celle de la CIG”, qui gère la sécurité dans cette infrastructure unique au monde, a relevé M. Gounon.
Dix-huit mois, c’est également le temps qui devrait être nécessaire pour trouver le financement d’environ 250 millions d’euros pour l’ensemble du projet, jusqu’au raccordement aux réseaux nationaux.
“Il n’y a pas de financement public”, a insisté M. Gounon.
La construction devrait ensuite durer 24 mois, et la mise en service intervenir en 2015.
“Le renforcement des interconnexions est positif pour le système électrique européen. (…) Une capacité supplémentaire de 500 MW pourra être utile tant pour des échanges commerciaux mutuels que pour la sécurité d’alimentation et l’optimisation des mix énergétiques”, a précisé à l’AFP un porte-parole de RTE.
Les deux partenaires visent une rentabilité d’environ 12% grâce à un contrat de concession portant sur 70 à 80% des capacités, attribué via enchères à un ou plusieurs producteurs d’électricité. Le reste sera vendu directement par la société à court terme, “le jour d’avant”.
“Quelques millions d’euros de profits supplémentaires” devraient tomber chaque année dans l’escarcelle des maisons mères d’ElecLink, qui espèrent signer un contrat de concession de 15 ans.
La consommation d’électricité augmente régulièrement en France et en Grande-Bretagne et il existe un différentiel de prix selon les heures de la journée entre les deux pays.
Cette interconnexion contribuera également à résoudre “les problèmes d’intermittence liés à l’énergie éolienne offshore”, selon Eurotunnel.
Les réseaux britanniques et français sont déjà reliés par des câbles sous-marins d’une capacité de 2.000 MW. En 2010, la France a exporté 8,5 TWH (12,7% de ses exportations) vers la Grande-Bretagne et importé 5,5 TWH (14,8% de ses importations).