«Il est vrai que nous avons assumé des responsabilités dans l’ancien gouvernement mais nous avons essayé d’assurer nos missions respectives du mieux que nous le pouvions. Nous avons œuvré modestement et à partir de nos postes respectifs à limiter les dégâts selon ce que nous dictait notre conscience et dans l’intérêt de notre pays». C’est ainsi que se sont respectivement exprimés Ahmed Friaa et Mohamed Jegham, les deux secrétaires généraux du parti Al Watan.
Ils ont tenu à préciser au départ de la conférence de presse organisée jeudi 26 mai 2011 pour annoncer leur programme politique et économique qu’en tant que Tunisiens, ils estiment avoir un rôle à jouer dans la reconstruction du pays, ne serait-ce qu’en transmettant leurs expertises et savoir-faire aux jeunes générations et en proposant des idées nées de leur expérience à l’intérieur même de la machine.
«Nos ambitions n’ont rien de personnel, tout ce que nous voulons c’est réédifier la République sur de nouvelles bases démocratiques et égalitaires après cette révolution qui appartient à toutes les composantes sociales du pays, en particulier aux jeunes», indiquera Ahmed Friaa. Il est regrettable, a-t-il précisé à l’occasion, que l’ancien régime se soit autant acharné, durant ces dernières années, à massacrer toutes les expressions culturelles et politiques de telle sorte que de jeunes tunisiens aussi brillants et compétents sont en mal d’expériences politiques conséquentes.
Les deux secrétaires généraux ont également tenu à affirmer que le parti Al Watan n’est en aucune sorte une continuation du RCD, la demande de visa ayant été déposée avant même la dissolution de ce dernier et le visa accordé au mois de mars. Les adhérents au parti sont des jeunes indépendants qui n’ont pas dans leur grande majorité d’expérience politique antérieure, ils ont été séduits par les principes du parti et y ont adhéré. Des commissions composées de compétences nationales et de jeunes ont planché sur la mise en place du programme: «Un programme qui n’est pas définitif parce qu’ouvert à toutes les propositions des adhérents d’Al Watan».
Le parti Al Watan est un parti centriste modéré qui appelle à une véritable démocratie basée sur la sacralité des droits de l’Homme et la préservation des acquis, à la tolérance et au respect de la différence: «Nous sommes contre toute forme de violence ou d’exclusion. Aucun de nous n’a le droit de priver qui que ce soit de servir son pays. Nous croyons en la nécessité d’un développement économique, social et politique inspiré de la réalité et des besoins du pays et veillant à une redistribution équitable des ressources et des richesses du pays entre les régions et les différentes classes sociales. Nous considérons également que dans notre pays, nous n’avons pas d’ennemis politiques, nous avons plutôt des rivaux avec lesquels le débat doit se situer au niveau des idées, des opinions et des programmes. C’est aux urnes de trancher en toute liberté. Nous refusons toute compétition déloyale».
M. Friaa a tenu à condamner toute forme de violence ou des pratiques telles le dénigrement des personnes et l’atteinte à leur moralité. «Cette démarche reflète celle de personnes qui n’ont aucune confiance en elles-mêmes, en leurs programmes politiques et en l’image qu’ils renvoient aux autres. D’ailleurs, quoi de plus facile que de dire du mal des autres».
«L’expérience de l’exclusion a été pour nous beaucoup plus riche que celle du pouvoir», a pour sa part déclaré Mohamed Jegham rappelant au passage qu’a travers même le choix de son nom, le parti «Al Watan», se veut la synthèse de toute l’histoire de la Tuné à la petite Tunisie une grandeur qu’elle mérite au vu de sa riche civilisation».
M. Jegham a indiqué que le parti est riche en compétences et que malgré la résistance qu’il rencontre, il commence à prendre ses marquesisie ancienne et contemporaine, celle d’Hannibal, et celle bourguibienne de l’indépendance. «Cette appellation symbolise la terre, le drapeau et aussi la révolution des jeunes qui a donn: «Nous avons ouvert des bureaux dans tous les gouvernorats et nous nous attaquons aujourd’hui aux délégations». Le but d’Al Watan est de participer à la réédification de la nouvelle Tunisie, républicaine, ouverte et plurielle, arabo-musulmane. Pour les fondateurs du parti, le temps est à la réconciliation. «Mais il ne s’agit pas de pardonner à ceux qui ont miné le pays. Il faut questionner, juger et, s’il le faut, condamner mais dans le respect du droit de chaque Tunisien à un procès équitable».
Pourquoi la réconciliation? «Parce que la Tunisie a besoin de tous ses talents, toutes ses compétences, ses expertises et ses énergies pour se remettre debout et occuper le rang qu’elle mérite à l’échelle planétaire. Pour cela, il faut que nous aimions assez notre pays et que nous nous aimions nous-mêmes assez pour passer à un autre stade, tout d’abord, consolider les acquis, les droits de la femme, des chômeurs et des jeunes à participer aux grandes décisions du pays et remettre sur pied le pays. «Laissons tomber la hache de guerre et prenons tous des palettes pour bâtir la nouvelle Tunisie», a conjuré Mohamed Jegham.
Les grandes lignes du programme politique d’Al Watan: «Préserver les acquis, instaurer la démocratie et sacrer les principes de tolérance et d’ouverture».
Le programme économique du parti fera l’objet d’un prochain article car, d’après Mohamed Jegham, «le tissu entrepreneurial composé des PME doit être renforcé. Les PME produisent des richesses et créent des emplois, mais il faut également que les droits des travailleurs soient préservés».