Le FMI pourrait refuser de verser des prêts à la Grèce

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à Budapest le 8 avril 2011 (Photo : Georges Gobet)

[26/05/2011 19:57:18] LUXEMBOURG (AFP) La Grèce risque de ne pas être en mesure de percevoir fin juin la totalité des prêts sur lesquels elle compte en raison d’un blocage du FMI, a mis en garde jeudi le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.

“Il y a des règles spécifiques au FMI et l’une de ces ces règles est que le FMI ne peut agir” pour débloquer une tranche de prêts “que lorsqu’il y a une garantie de refinancement pour les 12 mois suivant” concernant le pays concerné, a déclaré M. Juncker lors d’une conférence à Luxembourg.

Autrement dit, il faut que la Grèce puisse démontrer qu’elle est en mesure de couvrir ses besoins de refinancement de sa dette pendant un an.

Or, il est peu probable que la mission d’experts internationale du FMI, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne, appelée “troïka” et qui vient d’achever une inspection dans le pays, soit de cet avis, selon M. Juncker.

“Je doute que la troïka arrive à la conclusion que tel est le cas”, a-t-il dit, en raison des difficultés budgétaires persistantes de l’économie grecque.

En théorie, en effet, la Grèce est censée dès l’année prochaine emprunter elle-même sur les marchés financiers près de 30 milliards d’euros pour refinancer des prêts obligataires arrivant à échéance.

Ce qui de l’avis des responsables européens est exclu car les taux d’intérêts exigés par les investisseurs restent à des niveaux spectaculairement élevés du fait de la situation dans le pays.

Le déficit public 2010 a dû être récemment corrigé à la hausse à plus de 10% du Produit intérieur brut, la récession économique est plus grave qu’escompté, ce qui ne permet à l’argent des impôts de rentrer autant que prévu dans les caisses de l’Etat, et les privatisations promises par le gouvernement pour renflouer les comptes publics n’ont pas encore commencé.

La Grèce a été sauvée il y a un an de la banqueroute par un plan d’aide international associant le FMI et l’Europe. Il prévoit le versement de 110 milliards d’euros sur trois ans à la Grèce, en plusieurs tranches.

La prochaine tranche est prévue le 29 juin à hauteur de 12 milliards d’euros, le FMI finançant 4 milliards d’euros sur ce total, et les pays européens le reste.

M. Juncker a aussi exclu que pays européens puissent apporter la différence si le Fonds monétaire international refuse de délier les cordons de sa bourse.

“Si le décaissement du FMI d’ici au 29 juin ne peut être réalisé, le FMI part du principe que les Européens vont le remplacer et prendre à leur charge la portion revenant au FMI”, a souligné le président de l’Eurogroupe.

“Mais ce ne sera pas possible car dans certains parlement nationaux, en Allemagne, Finlande, Pays-Bas et d’autres pays, on n’est pas prêt à faire cela”, a-t-il averti.

Un source européenne proche du dossier s’est toutefois interrogée sur la réalité du risque, soupçonnant le président de l’Eurogroupe de chercher surtout par ce biais à faire pression sur Athènes pour que le gouvernement redouble d’efforts afin de réduire son déficit, notamment par des privatisations.

“On sait bien que la Grèce n’est pas en mesure actuellement de se refinancer seule, c’est précisément la raison pour laquelle nous lui prêtons de l’argent”, a-t-elle souligné, faisant valoir que cela n’avait pas empêché le versement des précédentes tranches de prêts.

En signe de bonne volonté, le gouvernement grec a du reste proposé jeudi au groupe allemand Deutsche Telekom d’acquérir 10% de l’opérateur de télécommunications grec OTE encore détenue par l’Etat.

Un nouveau plan d’assainissement budgétaire est en préparation dans le pays, à la demande de l’Union Européenne et du FMI, combinant accélération des privatisations et durcissement des mesures de rigueur.