Sécheresse : une “cellule de veille” pour éviter la coupure d’électricité

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Vue prise le 5 mai 2011 du barrage du Chambon (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[27/05/2011 09:51:38] PARIS (AFP) Le gouvernement vient d’annoncer la création d’une “cellule de veille” sur l?approvisionnement en électricité de la France alors que la sécheresse a d’ores et déjà fait chuter la production d’électricité des barrages hydrauliques et qu’elle menace celle des centrales nucléaires.

“Cette cellule rassemble les administrations compétentes en matière d?énergie ainsi que RTE, le gestionnaire du réseau de transport d?électricité”, a indiqué le ministère de l’Energie dans un communiqué.

“Elle rendra compte au gouvernement de l?évolution” de l’équilibre offre-demande d’électricité et “proposera les mesures nécessaires pour assurer la sécurité d?approvisionnement”, a-t-il ajouté.

Le ministre Eric Besson réunira “dans les prochains jours, l?ensemble des acteurs concernés pour faire un point complet de la situation”.

Le ministère note en effet que “la sécheresse en cours conduit à des débits inférieurs à la normale dans de nombreux cours d?eau, ce qui entraîne une diminution de la production hydroélectrique, et touche également les moyens nucléaires et thermiques qui sont refroidis par ces cours d?eau”.

Alors que 47 départements sont concernés par des restrictions d’eau, la production des centrales hydrauliques a chuté de 29% en avril sur un an, tombant à son plus bas niveau depuis 1976 pour un mois d’avril, selon le dernier bilan mensuel de RTE.

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éaire du Tricastin, dans la vallée du Rhône (Photo : Philippe Desmazes)

En cumul depuis le 1er janvier, la production hydraulique est en baisse de 22,9% par rapport à 2010. Deuxième source d’électricité après le nucléaire, l’énergie hydraulique produit en temps normal environ 12% de l’électricité française.

Le problème est d’autant plus crucial que la consommation d’électricité a tendance a augmenter en été en raison du développement des systèmes de climatisation. Des pics de consommation sont alors observés vers 13H00 quand la chaleur est à son maximum.

RTE, qui est responsable de l’équilibre offre-demande d’électricité, doit publier dans les prochaines semaines son traditionnel bilan prévisionnel sur le passage de l’été.

Le gestionnaire de réseau sera particulièrement attentif au débit mais aussi à la température des cours d’eau. Pour leurs besoins en refroidissement, les centrales nucléaires pompent en effet de grandes quantités d’eau qu’elles rejettent plus chaude dans le cours des rivières.

En cas de températures trop élevées, les réacteurs peuvent donc se voir obliger, par la réglementation, de ralentir ou d’arrêter leur production afin de préserver la faune aquatique.

“Des dispositions dérogatoires peuvent éventuellement être prises, lorsque cela est justifié, pour équilibrer l’offre et la demande d’électricité”, précise toutefois le ministère.

En outre, en cas de pénurie, l’Hexagone peut importer de l’électricité produite dans les pays européens limitrophes de la France. Dans cette optique, l’arrêt des sept plus vieux réacteurs d’Allemagne à la suite de la catastrophe de Fukushima n’est pas une bonne nouvelle. L’Allemagne est en temps normal le premier fournisseur d’électricité de la France.

EDF se dit pour sa part “vigilant” et affirme se préparer au passage de l?été”. “La sécheresse que nous connaissons actuellement en France, n?a aucune conséquence sur la sûreté des installations, ni sur la fourniture d?électricité de nos clients”, a affirmé une porte-parole à l’AFP.

Le groupe public affirme avoir “tiré les enseignements des canicules de 2003 et de 2006” dans le cadre d’un plan “aléas climatiques”.

EDF a ainsi limité au maximum le nombre d’arrêts pour maintenance dans ses 14 réacteurs (sur 58) situés en bord de mer, afin de préserver la capacité de production de ces centrales qui ne sont pas affectées par la sécheresse.