«Le tissu industriel tunisien n’est pas capable, avec un taux d’encadrement de 4%, d’assurer la réussite de n’importe quel modèle de développement économique, il faut donc le transformer en un tissu innovant», a déclaré Abderrazek Zouari, ministre du Développement Régional lors du premier forum organisé par l’Institut des Hautes Etudes à Tunis (IHET) sur le thème «Economie sociale décentralisée et cohésion sociale: pour un modèle de développement alternatif».
M. Zouari s’est également interrogé dans son intervention sur les solutions adéquates que le prochain gouvernement devrait trouver et mettre en place aux problèmes de chômage et de déséquilibre régional qui représentent «le grand déficit du modèle économique tunisien depuis plus que 20 ans». En effet, afin d’augmenter la vitesse de convergence entre les régions, il faut, toujours selon le ministre, savoir comment découper la Tunisie en régions économiques. «Il faudra dans ce cas regrouper les 264 délégations de la Tunisie en 5 ou 6 régions économiques au maximum», a-t-il proposé.
Concernant l’efficience économique, Tahar El Almi, professeur universitaire, a indiqué que dans un pays comme la Tunisie, où l’exiguïté du marché local constitue une contrainte supplémentaire à la création d’emplois, il y a donc complémentarité entre l’efficience économique et la justice sociale, et non pas dilemme comme on l’entend souvent dire. «La justice sociale exige l’efficience économique», affirme M. El Almi. Il soulignera que «l’expérience a démontré qu’une bonne approche économique conditionne une politique sociale de recherche de bien-être collectif. Ainsi, le chômage est la plus grande des injustices sociales».
3,3 milliards de dinars de déficit de liquidité sur le marché monétaire
Dans un modèle de développement alternatif cohérent qui allie l’efficience économique et la gouvernance, l’Etat, en tant que régulateur, doit assurer la transparence et le contrôle en s’occupant des imperfections du marché et de mettre également en place une politique de redistribution des richesses afin de corriger les inégalités. Cette régulation de l’économie, selon Ahmed Karm, DG d’Amen Bank, se traduit par une politique monétaire et budgétaire ayant pour objectif d’assurer une économie de marché sociale décentralisée. «À titre d’exemple, dans un marché monétaire tunisien qui souffre actuellement d’un déficit de liquidité à hauteur de 3,3 milliards de dinars, l’Etat pourrait intervenir en tant que régulateur pour agir sur les facteurs qui ont été à l’origine de ce manque de liquidité sans pour autant fausser le bon fonctionnement du marché. En général, l’Etat ne doit intervenir que dans les secteurs où l’alternative privée fait défaut ou bien s’il juge son intervention indispensable», a précisé M. Karm.
Pour finir, le banquier a indiqué que l’Etat devrait revoir fondamentalement ses objectifs et priorités en se référant à notre structure sociale tunisienne et non pas aux instructions de la Banque mondiale et le FMI.