Près des trois quarts des Tunisiens soutiennent la décision prise par la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique d’empêcher les responsables politiques de l’ère Ben Ali de prendre part à l’élection de l’Assemblée Constituante.
La scène politique nationale vit depuis le 14 janvier 2011 au rythme de la controverse sur le sort à réserver aux responsables de l’ancien régime et, notamment, sur le fait de savoir s’ils devraient ou non être autorisés à participer aux prochaines élections. Le deuxième sondage politique de Global Management Services (GMS), piloté par Salah Attia pour le compte de ce bureau d’études dirigé par Mme Alia Hachicha, a apporté une réponse claire à cette question: la majorité des Tunisiens –plus des trois quarts- soutiennent «la décision d’empêcher les responsables de l’ancien régime de se présenter à l’Assemblée Constituante». Alors qu’une infime partie de l’opinion (12,1%) n’a pas de réponse, un peu moins de la moitié (45,3%) trouvent la décision «justifiée», un peu plus du quart (28%) la considèrent «pas suffisante» et les autres (14,6%) l’estiment «injuste».
Sur ce dossier, hommes et femmes sont quasiment sur la même longueur d’ondes, puisqu’on trouve au sein de ces deux groupes presque la même proportion de soutien, de rejet et d’indécision.
Les plus jeunes (18-24 ans, 35-44 ans) et les «jeunes vieux» (45-59 ans) sont des partisans de l’exclusion, plus même que la moyenne nationale. Les 35-44 ans et les plus vieux (plus de 60 ans) –catégorie d’âges la moins hostile aux anciens responsables politiques- le sont moins. Mais paradoxalement, c’est également parmi les 35-44 ans que l’on trouve le groupe le plus dur à leur égard (34% qui trouvent la sanction pas suffisante) et la plus faible proportion (8,5%) d’indécis –la plus forte (24%) se trouvant chez les plus vieux.
Par région, l’animosité à l’égard des «ex» et, partant, l’appui à leur exclusion culmine dans le Sud (53,4%) et les plus faibles dans le Nord-est (40,9%), les autres parties –respectivement le Nord-ouest, le Centre-est, le Centre-ouest et le Grand Tunis- se trouvant les deux. C’est également dans le Nord-est que se recrute le plus fort pourcentage de Tunisiens (35,1%) qui auraient aimé voir les responsables politiques de l’ancien régime écoper de sanctions plus graves.
Sous l’angle socioprofessionnel, le nombre des voix favorables au «carton rouge politique» aux responsables de l’ancien régime est le plus élevé –supérieur même à la moyenne nationale- chez les cadres –supérieurs (52,4%) et moyens (51,7%), légèrement devant les étudiants et beaucoup plus que parmi les autres catégories (retraités, professions libérales, chômeurs et employés-ouvriers).
Les plus magnanimes, ceux qui trouvent l’exclusion injuste, sont les professions libérales (31,7%), très loin devant les autres. Et bizarrement, les plus indécis sont les chômeurs (20,5%).
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